Chroniques

par samuel moreau

Franz Schubert
Lieder (vol.2)

1 CD Naxos (2004)
8.557172
Franz Schubert | Lieder

L'Édition Allemande des Lieder de Schubert reprend l'idée originale qu'eurent le compositeur et un groupe d'amis en 1816 : réunir l'ensemble de ses six cent mélodies en huit volumes. Franz Peter Schubert (1797-1828) ayant mis en musique près de cent vingt écrivains et poètes – Heine, Goethe, Schiller, Klopstock, Mathison, Höltry, etc. –, certains volumes se proposent de les réunir par mouvements littéraires. Le présent enregistrement, numéro 17 de la série qui s'achèvera en 2006, constitue le deuxième volume consacré aux poètes autrichiens contemporains de Schubert. On y trouve, par ordre alphabétique :

Joseph Karl Bernard (Vergebliche Liebe), Gabriele von Baumberg (Lob des Tokayers), Ignaz Franz Castelli (Frohsinn), Johann Ludwig von Deinhardstein (Skolie), Johann Georg Fellinger (Die Sterne, Die erste Liebe), Christoph Kuffner (Glaube, Hoffnung und Liebe), Johann Christian Mikan (Die Befreier Europas in Paris), Karoline Pichler (Der Unglückliche, Der Sänger am Felsen, Ferne von der Großen Stadt), Martin Joseph Prandstetter (Die Fröhlichkeit), Adolf von Pratobevera (Abschied), Johann Ladislav Pyrker (Das Heimweh, Die Allmacht), Christian Ludwig Reissig (Der Zufriedene), Johann Gabriel Seidl (Widerspruch), Joseph Ludwig Stoll (Labetrank der Liebe, An die Geliebte), Ludwig von Széchényi (Die abgeblühte, Der Flug der Zeit).

Schubert a rencontré certains d'entre eux, comme l'archevêque Pyrker qui lui remit en mains propres son poème sur le mal du pays, et surtout Die Allmacht, cette louange à un Dieu plus sensible dans le battement de cœur des hommes que dans les sermons d'église... D'autres textes évoquent un attachement romantique à la nature (l'éloignement des villes, les étoiles), l'obsession de la fuite du temps, mais aussi l'amour et l'amitié. Plus étonnement, on trouve plusieurs allusions au vin, soit métaphorique soit comme chanson à boire, et un chant patriotique racontant l'entrée des Prussiens à Paris.

Élève de Georg Jelden à l'Ecole de Musique de Stuttgart, le baryton Detlef Roth a été particulièrement remarqué dans les opéras de Mozart et de Wagner, mais aussi pour ses interprétations de Lieder de Mahler, Brahms et Mendelssohn – ou dans le rôle-titre d’Hans Heiling (Marchner) à Strasbourg, il y a quelques mois [lire notre chronique du 8 mars 2004]. Un peu en retrait au début du disque, il s'impose peu à peu, comme lorsqu'un chanteur gagne en assurance dans un récital live. Si on peut lui préférer actuellement certains de ses confrères à la sonorité plus cuivrée, la voix est saine et l'expressivité ne fait pas défaut – comme cette plage 7 où l'auditeur finit par se sentir concerné, ou encore la plage 19, à l'héroïsme clamé.

Ulrich Eisenlohr l'accompagne, qui apparaît sur bien d'autres volumes de la collection. Et pour cause : il est le directeur artistique du projet ! Il a étudié le piano avec Rolf Hartmann et le Lied avec Konrad Richter. Il est spécialiste de l'accompagnement en concert (Christian Elsner, Matthias Görne, Dietrich Henschel) ou en master classes (Hans Hotter, Christa Ludwig). Son jeu est convainquant.

SM