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Chroniques
Gérard Grisey
Le noir de l'étoile
« ...Les astronomes ont des oreilles géantes pour écouter le ciel et enregistrer son cri... » Cet extrait du préambule de Jean-Pierre Luminet amorce l'écoute d'un disque tout simplement hypnotique dont le propos fascine. La prodigieuse clarté faite soudain sur la rencontre du scientifique et du poétique ravira comme nulle part ailleurs. Mis en conditions pour écouter une musique dont le verbe est contaminé par le battement régulier des pulsars, la densité de l'œuvre de Gérard Grisey (1946-1998) emporte l'auditeur dans les rotations cosmiques, celles de Vela (résidu d'une explosion d'une super nova d'il y a douze millions d'années), celles de 0329+54 (trois petits millions d'années pour celui-ci) dont le texte liminaire prend la peine de nous présenter l'identité, à travers une méditation parfois vertigineuse sur la « tornade électromagnétique délivrée par un pulsar dont le retour radio ne représente qu'un chuchotement ».
La formation de différents cycles, de périodes complexes, le surgissement de déflagrations et le précipité d'emballements métriques, de même que la précision sonore d'un live effectué à la Cité de la musique il y a deux ans, envoûtent l'auditeur dans la contemplation des « grands phares du ciel venant guider notre navigation musicale ».
Rien ici de répétitif : les froissements s'enrichissent de multiples crépitements, Les Percussions de Strasbourg venant distordre notre notion du temps lors d'un concert fêtant quarante printemps au service des compositeurs.
HK