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Chroniques
Gaetano Donizetti
Maria Stuarda | Marie Stuart
Qui est donc cette Marie Stuart, certes « orgueilleuse et fière » – comme nous la décrit régulièrement le livret de Giuseppe Bardari, s'inspirant de la pièce de Schiller –, mais surtout marquée par un douloureux destin ? Née le 8 décembre 1542, elle devient reine une semaine plus tard, à la mort de son père Jacques V d'Écosse. De 1558 à 1867, elle se marie trois fois, dont la première avec le futur François II qui lui donne accès au trône de France. Cette union étonne d'autant moins que le pays a joué un grand rôle pour protéger cette fille de Marie de Guise, encore enfant, contre les pressions venues d'Angleterre. L'année 1560 s'avère une année politiquement et humainement décisive : d'un côté, elle refuse de reconnaître les droits d'Elisabeth, enfant illégitime, sur la terre de Shakespeare ; de l'autre, elle perd sa mère puis son mari, devant alors céder la couronne à Charles IX.
Revenue en Écosse, la jeune veuve, qui découvre une cour où son catholicisme dérange, tente en vain d'améliorer ses relations avec Elisabeth. Trahie par son nouvel époux qui finit apparemment assassiné, mise en prison où elle avorte de jumeaux, elle doit abdiquer en juillet 1567. Evadée et réfugiée en Angleterre, elle se jette dans les griffes de celle qui l'assigne à résidence durant deux décennies. Lorsque sa rivale devient une charge, Elisabeth fait décapiter celle qu'on accuse de complot, le 8 février 1587.
De l'ouvrage de Donizetti créé à Naples le 18 octobre 1834, Pier Luigi Pizzi offre une vision aux artifices réduits : de hautes grilles dressées qui transforment le monde de l'Écossaise en prison géante et des escaliers promettant une liberté illusoire. La place est nette pour la rivalité amoureuse des deux héroïnes, autour de la personne de Roberto – Conte di Leicester incarné par un ténor au chant évident et souple, faisant montre de clarté et de douceur, le talentueux Francesco Meli.
Anna Caterina Antonacci impose d'emblée, avec vaillance, son personnage de souveraine intraitable, mais c'est Mariella Devia, en reine déchue, qui récolte l'ovation du public. Comment ne pas saluer avec force un tel art, fait de couleurs séduisantes, de nuances délicates et de vocalises brillantes et agiles ? Si l'on ajoute à cela l'honnête prestation des autres solistes, la direction vive et ample d'Antonio Fogliani, la récente captation de cette production milanaise s'imposait sans problème.
LB