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Chroniques
Georg Friedrich Händel
Sonate HWV 434 – Suite de pièces n°3, n°5, n°7 – Chaconne HWV 435
« Je suis contraint de publier quelques-unes des Leçonsqui suivent parce que des copies subreptices et incorrectes en circulent à l'étranger. J'ai ajouté quelques œuvres nouvelles afin de rendre l'ouvrage plus utile et, s'il obtient un accueil favorable, j'en publierai d'autres dans le futur, car je reconnais qu'il est de mon devoir, avec mon modeste talent, de servir une Nation de laquelle j'ai reçu une si généreuse protection. » C'est ainsi qu'en 1720 Georg Friedrich Händel préfaçait la première publication officielle (Cluer) de ses neuf suites pour clavecin, afin de discréditer les velléités pirates d'une édition hollandaise dont il avait eu vent. Il vit en Angleterre depuis déjà dix ans, et ses opéras rencontrent un tel succès que ces pièces de clavier déjà anciennes refont surface sans qu'il y soit pour rien.
Aujourd'hui, si l'on peut régulièrement entendre la musique instrumentale de Händel, ce sont principalement ses opéras que l'on joue. Sa production pour le clavier demeure rare, et ce sont étrangement les pianistes, plus volontiers que les clavecinistes, qui lui rendent hommage. Quelques baroqueux puristes y trouveraient sans doute à redire : rappelons leur que l'on joue avantageusement Bach sur un piano sans qu'aucun tombeau en frémisse…
Vahan Mardirossian présente sur ce disque trois suites, une sonate et la célèbre Chaconne. On goûtera particulièrement l'articulation délicate du Prélude de la Sonate en si bémol majeur HWV 434 qui ouvre ce beau programme, et la tendre simplicité avec laquelle s'engagent les variations du troisième mouvement.
La Suite en sol mineur HWV 432 n°7 laisse poindre une sorte de mélancolie que le pianiste suggère sans accuser, dans une sonorité un rien feutrée, toujours d'un grand raffinement, avant d'éclater en une rageuse Passacaille finale. Plus théâtrale, la Suite en ré mineur HWV 428 n°3 permet à l'interprète un certain brio, avant de subtilement colorer l'Allemande, pour mieux rebondir dans la Courante. L'une des plus belles pages de cet enregistrement : l'Air central de cette suite, tout à fait aérien, que Mardirossian entretient dans une sonorité veloutée et articule d'un rubato extrêmement discret, avant de décliner les Doubles avec une sobre et élégante virtuosité que ne déserte jamais un art précieux de la nuance. Il sait également rendre au Prélude de la Suite en mi majeur HWV 430 n°5 un suspens qui happe l'écoute, et qu'il apaise dans des arpèges jamais empruntés.
Pour finir, on retrouvera la brillante Chaconne en sol majeur HWV 435 dans une lecture fort contrastée, passant de la pompe de l'ouverture à des promenades d'une exquise amabilité qui soudain sait froncer les sourcils.
BB