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Chroniques
Georg Friedrich Händel
Parnasso in festa
À l'instar de Davide e Berseaba de Porpora, Parnasso in Festa est créé à l'occasion du mariage de la princesse Anne avec le prince Guillaume d'Orange, le 13 mars 1734 – soit la veille de la cérémonie religieuse en la Queen’s Chapel (St James’s Palace). Celle qu'il nomme « fleur des princesses » est l'élève préférée de Georg Friedrich Händel, et elle le lui rend bien puisqu'elle défend sa musique avec ferveur. C'est peut-être à cause de ce lien affectif qu'il lui offre la seule et unique serenata festive (ou festa teatrale) de sa carrière, un genre qui s'était développé en Italie parallèlement à l'opéra, mais d'une présence discrète en Angleterre.
Présenté dans de somptueux décors sans développer de réelle action scénique, ce divertissement profane fait généralement référence de façon explicite à l'événement auquel il est lié. Comme il l'avait fait pour Agrippina puis Rinaldo, son premier ouvrage lyrique donné à Londres, Händel remanie ici d'anciennes partitions, en particulier l'oratorio Athalia, donné à Oxford l'année précédente.
Ainsi que le résume le Daily Journal deux jours avant sa présentation au public, « la fable est celle d'Apollon et les Muses célébrant le mariage de Pélée et de Thétis. Il y a un décor permanent, le mont Parnasse, sur lequel son assis Apollon et les Muses, assistés d'autres personnages excellents, symboliquement vêtus, avec une apparence d'ensemble splendide ».
C'est Clio, la Muse de l'Histoire, que nous découvrons tout d'abord, présentant les habitants du mont Parnasse qui chantent les louanges de Giove (Jupiter). Avant de glorifier Bacco (Bacchus), Apollo se rappelle tendrement Dafne (Daphné) qui s'est changée en laurier pour lui échapper. S'expriment ensuite Orfeo, sa mère Calliope et la chasseresse Clori, avant qu'une troisième et dernière partie recentre le propos sur le couple du jour, Teti et Peleo.
À la tête de The King's Consort, Matthew Halls fait preuve d'une belle fluidité, à laquelle ne répond pas, malheureusement, l'ensemble des chanteurs présents – l'Appolo tremblé du mezzo Diana Moore et l'Orfeo miaulant de Lucy Crowe, à l'impact mou. Retenons la Clio cristalline, aux suraigus perçants, de Carolyn Sampson et le Marte (Mars) sonore autant qu'expressif de Peter Harvey. Côtoyant le livret en italien et sa traduction anglaise, des notes en français accompagnent ce premier enregistrement de l'ouvrage.
LB