Chroniques

par jo ouaknin

Georg Philipp Telemann
Flavius Bertaridus, König der Langobarden | Flavien Bertaride, roi des Lombards

1 coffret 3 CD Deutsche Harmonia Mundi (2012)
88691929052
Georg Philipp Telemann | Flavius Bertaridus, König der Langobarden

Avec plaisir nous découvrons la gravure d’un des quelques quarante opéras composés par Georg Telemann (1681-1767) pour le « premier théâtre d’opéra public d’Allemagne », celui d’Hambourg, comme nous le rappelle Kerstin Schüssler-Bach (dramaturge de l’actuelle Hamburgische Staatsoper) dans une notice qui considère les données musicologiques à l’aune d’une approche sociologique de la vie musicale hanséatique du XVIIIe siècle dont elle resitue scrupuleusement l’évolution du goût dans l’histoire de la cité marchande.

Flavius Bertaridus, König der Langobarden, créé en 1729,fut écrit sur un livret conçu par Christoph Gottlieb Wend en étroite collaboration avec Telemann lui-même, s’inspirant d’un livret que Ghisi, une vingtaine d’années plus tôt, rédigea pour l’opéra Flavio Bertarido que le musicien Pollarolo (1652-1723) avait fait représenter à Venise en 1706. Sur les origines de l’argument, on remontra, avec notre confrère Bertrand Bolognesi [lire notre chronique du 10 août 2011], jusqu’à Corneille et son Pertharite, tragédie également en partage avec la Rodelinda de Händel (1725) – l’article cité en référence introduira d’ailleurs clairement une intrigue aux rebondissements assez confus.

Outre l’excitation que ne manque pas d’occasionner une redécouverte d’une telle importance, et passée la surprise du mélange des idiomes (sur lequel le jour est levé dans la brochure évoquées plus haut), l’écoute de cette captation (effectuée au Festival de musique ancienne d’Innsbruck, l’an dernier) offre quelques plaisirs vocaux non négligeables. Retenons-en la fraîche Katerina Tretyakova en Cunibert, l’excellent David DQ Lee, contre-ténor sur lequel garder une oreille attentive, dans le rôle d’Onulfus, et le passionnant Flavius du mezzo espagnol Maîte Beaumont, au timbre généreux. Moins attachantes se révèlent les autres voix et assez pénible celle d’Antonio Abete en tyran Grimoaldus, acide et instable.

Encore est-ce par la réalisation de fosse que ce coffret prend toute sa valeur.
Non content de s’être très attentivement penché sur les sources susceptibles de favoriser une reconstitution des parties manquantes (l’Ouverture, par exemple), maestro Alessandro De Marchi dirige ses instrumentistes d’Academia Montis Regalis dans une interprétation d’une vivacité éclairée et dont les timbres rendent toute sa saveur à la partition de Telemann.

JO