Chroniques

par samuel moreau

Giacomo Puccini
Madama Butterfly | Madame Butterfly

1 DVD Dynamic (2004)
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Giacomo Puccini | Madama Butterfly

En 1900, alors qu'il se trouve à Londres pour une représentation de Tosca, Giacomo Puccini assiste à une pièce de l'auteur dramatique David Belasco : Madame Butterfly. Puccini (1858-1924), qui cherchait à revenir à un sujet intimiste et psychologique en accord avec sa personnalité, comprit vite que sous l'exotisme, le sentimentalisme et le romantisme de l'auteur américain, se trouvait une figure féminine à exploiter. Au bout d'un an, Belasco – qui avait tiré son sujet de ce même feuilleton de John Luther Long, paru dans le Century Magazine, qui inspira à Pierre Loti puis à André Messager leurs Madame Chrysanthème – donna son accord pour une transposition sous forme d'opéra ; les deux librettistes attitrés de Puccini (Manon Lescaut, La Bohême, Tosca), Luigi Illica et Giuseppe Giacosa, purent alors se mettre au travail. Le 17 février 1904, la première de l'œuvre a lieu à la Scala de Milan. C'est un fiasco. Le compositeur revoit sa partition, faisant des coupes et des ajouts. Le 28 mai de la même année, la nouvelle version est donnée à Brescia. C'est un succès.

À Nagasaki, au début du XXème siècle, une geisha de quinze ans va épouser le lieutenant de marine américain Pinkerton. On comprend vite que pour celui-ci, ce n'est qu'une passade d'escale, tandis que la jeune naïve reniera jusqu’à ses propres dieux pour mieux servir son époux occidental. Si elle manque un peu de nuances au premier acte, la soprano Daniela Dessi a une voix énorme qui sied à cette représentation en plein air de mai 2004, au Festival Puccini de Torre del Lago. Fabio Armiliato, Pinkerton nuancé et sonore, s’avère également convaincant. Luca Casalin est un entremetteur à la voix colorée, Marco Camastra un commissaire impérial efficace et Ricardo Zanellato un Bonze crédible. En revanche, la voix de Juan Pons (Sharpless) accuse nombre de défaillances, de même que le chœur, mou et approximatif. Dans la fosse, l'excellent Plácido Domingo dirige un orchestre CittàLirica sensuel et chatoyant tout en demeurant vif – même s'il faut signaler un déséquilibre entre les cordes – magnifique violon solo – et les bois qui ne cessent de déraper.

Monterait-on Le Tour d'écrou dans une chaîne d'usine, L'Heure espagnole sous les horloges de la gare de Madrid ? Pourtant, Stefano Monti s'est attaché au seul nom de papillon pour ce qu'il faut bien appeler une mise en scène. Avec des costumes certes somptueux signés Guillermo Mariotto, dont l'ampleur évoque les costumes japonais traditionnels, voici notre Cio-Cio-san au pays de Maya l'abeille ! Figurants qui trottinent ou rampent, danse d'une araignée entre les deux scènes du deuxième acte, Yamadori en chenille, l'enfant en coccinelle... N'en jetez plus ! Que les gestes ne relèvent d'aucune intention est déjà dommageable, mais comment s'identifier au drame de cette jeune fille sacrifiée quand on est partagé entre ennui et fou rire ?

SM