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Chroniques
Giacomo Puccini
Tosca
Voici sans doute une des plus belle Tosca de l'histoire du disque ! Cet enregistrement de la Scala pris en 1953 – cinq dates entre le 10 et le 21 août, pour être précise –, et rééditée dans la collection historique de Naxos, permet d'entendre de très grands chanteurs d'une génération déjà loin de nous aujourd'hui.
À commencer par Maria Callas, bien sûr, Floria Tosca de rêve, exigeante et tragique, plus retenue ici que dans la gravure de 1965 avec Georges Prêtre (EMI), mais aussi plus brillante vocalement. Elle affirme une fois de plus son art de la scène, une capacité terrible à susciter une écoute impliquée, jusqu'à faire pleurer les pierres.
Si la direction de Vittorio de Sabata s'avère moins sensuelle que celles de Serafini ou Prêtre, elle distille une sonorité d'un noble classicisme qui sert assez judicieusement le climat particulier de l'œuvre, de ce classicisme des illustres Stabat Mater volontiers opératiques. L'orchestre est en tout cas très présent, et soutient efficacement un plateau remarquable : le peut-être vulgaire Giuseppe di Stefano ô combien vaillant, dont les aigus fulgurants n'en finissent pas de nous éblouir, donne un Mario efficace, plus nuancé dans le dernier acte ; Franco Calabrese campe un Angelotti irréprochable, et c'est une nouvelle fois Tito Gobbi qui assure ici un Baron Scarpia détestable, bestial et sensuel jusqu'à en devenir odieux. Angelo Mercuriali (Spoletta), Melchiorre Luise (le sacristain), Dario Caselli (le geôlier) et Alvaro Cordova (le jeune berger) complètent la distribution.
Le couple Callas-Gobbi fonctionne plus que jamais, comme il fonctionna souvent, ici et là, à tel point qu'après une écoute continue, et en reprenant humblement le livret, on se surprend à oublier le peintre !
AB