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Chroniques
Gian Carlo Menotti
Help, Help, the Globolinks ! | Au secours, au secours, les Globolinks !
« Avis à la population ! Des objets volants non identifiés provenant d'une planète inconnue sont arrivés sur la Terre. Leurs occupants semblent être des Globolinks, des créatures bizarres et dangereuses ; plusieurs régions du pays se trouvent déjà sous leur contrôle. Soyez sur vos gardes ! »
Dès les premières minutes de cet opéra pour enfants – « et pour ceux qui les aiment », précise Gian Carlo Menotti (1911-2007), se considérant lui-même comme une sorte de grand enfant –, les extraterrestres débarquent donc, et David Vincent n'est pas le seul à les voir : mâles sans visages de forme cylindrique, femelles bondissant au-dessus de la scène grâce à des liens ressemblant à des ailes, ils ne passent pas inaperçus, et sème la terreur sur leur passage. Pire, ils ont le pouvoir de transformer en Globolinks les terriens qu'ils touchent ; le pauvre Dr Stone – Raymond Wolansky – en fait rapidement les frais, perdant la parole dans un premier temps avant la mutation complète.
Alors que moteurs, téléphones et horloges tombent en panne – recyclant avec humour les pires clichés de la science-fiction période Guerre Froide –, que les enfants d'une école sont perdus au milieu d'une forêt inhospitalière, la réponse à l'invasion arrivera de façon inattendue et symbolique : la musique représente la seule arme capable de combattre les monstres allergiques à toute émission vocale ou instrumentale. Dieu merci, notre plaisir à écouter le chant clair de William Workman (Tony), ceux plein d'ampleur d'Edith Mathis (Emily) ou d'Arlene Saunders (Madame Euterpova – quel nom !), prouve que notre cœur et notre âme de spectateur ont survécus à l'invasion, laquelle se trouve finalement maîtrisée.
On l'aura compris : fable pleine de loufoquerie, Help, Help, the Globolinks! (1968) est moins un ouvrage pédagogique qu'un manifeste en faveur de la musique propre à émouvoir et bouleverser les gens. Opposant la douceur du soleil à l'inhumanité des machines dans la morale finale énoncée par son héroïne russe, Menotti parodie la musique concrète et s'amuse avec des bidouillages électroniques bien agaçants. Chantée en allemand, cette production télévisée de 1969 arrive parfois à surprendre l'adulte, mais sans le passionner outre mesure. Au mieux, rangeons au cabinet des curiosités ce qu'il conviendra d'appeler un OVNI musical.
LB