Chroniques

par claude fabre

Gioachino Rossini
Il barbiere di Siviglia | Le barbier de Séville

2 DVD EuroArts (2007)
2051248
Il barbiere di Siviglia, opéra de Rossini

Ce DVD nous propose le film d'une représentation du Barbier de Séville de Rossini qui eut lieu en avril 2001, à l'Opernhaus de Zürich. Nello Santi, qui tient aussi le pianoforte dans les récitatifs, est un chef rossinien de première grandeur. Il est remarquablement filmé durant l'Ouverture, de même que l'Orchestre de l'Opéra de Zürich. On y détaille en particulier chaque entrée d'instrument, et le crescendo est ainsi aussi visuel que musical. C'est certainement au chef que l'on doit la réussite du final du premier acte, et l'on regrette que l'on n'ait pas trouvé le moyen de nous le montrer à cette occasion, pendant l'action.

Grâce à la scène tournante, le décor est une spirituelle variation sur le thème de l'éventail. Les costumes ne manquent pas d'humour et, n'étaient la moto et la trottinette du début, on ne s'apercevrait pas que l'ouvrage est transposé dans les années trente. On pourra apprécier les qualités d'humour du metteur en scène Grischa Asagaroff qui sait fort bien rythmer ses gags selon les propres rythmes de Rossini.

De la distribution, nous pouvons regretter que Reinaldo Macias ne soit pas le véritable ténor de grâce si nécessaire dans Almaviva. Il doit forcer sur les notes aiguës et le résultat n'est pas toujours idéal. Figaro est confié à Manuel Lanza, très correct, mais dont le baryton pourrait encore s'étoffer, et l'on retrouve Nicolaï Ghiaurov en Basile dont il se tire plus en vieux routier qu'en grand chanteur. Carlos Chausson est, par contre, un parfait Bartolo qui ne rate ni une note ni un jeu de scène. Elizabeth Rae Magnusson chante très gentiment l'air de Berta qui, dit-on, plut tellement à Beethoven. Mais l'attrait de ce DVD reste la Rosine de Vesselina Kasarova. Authentique mezzo-soprano colorature, elle détaille ses deux airs avec une belle virtuosité vocale et séduit manifestement tout le plateau par son abattage scénique.

On regrette désormais que les versions qu'on nous présente du Barbier ignorent toujours l'air de l'orage de Rosine et le grand final du deuxième acte, emmené par le ténor. C'est le cas ici et c'est le principal reproche que l'on peut faire à cette nouvelle production, qui pour le reste est tout à fait recommandable.

CF