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Chroniques
Gioachino Rossini
L’Italiana in Algeri | L’Italienne à Alger
Ce DVD de L'Italienne à Alger nous vient du Festival Rossini de Pesaro, avec lequel le label Dynamic a entamé une collaboration qui a déjà donné une belle version de Bianca e Falliero. La captation a été effectuée durant le festival en 2006. C'est une production assez ancienne, créée en 1994, et signée par Dario Fo. Le dramaturge italien ne fait pas dans la dentelle, et propose un spectacle qui est, certes, coloré et vivant, mais surtout encombré par une profusion de gags assez lassante. Dans chaque ensemble, des figurants se trémoussent, agitent des drapeaux ou défilent, costumés en footballeurs ou en animaux, rivalisant avec les chanteurs pour capter l'attention des spectateurs. Peu inspiré, le metteur en scène meuble le plateau avec des trouvailles visuelles qui sont parfois très jolies, plutôt que d'animer véritablement l'action principale, qui semble délaissée et montrée sous un jour peu imaginatif.
La réalisation télévisuelle est réaliste, évite le recours trop systématique au gros plan et use de fréquents plans larges, donnant la plupart du temps une idée assez nette de ce qui se passe sur l'ensemble du plateau, soulignant souvent, à ce prix, les errements de la mise en scène.
La distribution est assez jeune, non exempte de reproches, mais forme un ensemble soudé et motivé. Son principal point faible est le Mustapha trémulant de Marco Vinco. Le timbre est fade et pauvre en harmoniques, la voix manque de soutien et, s'il connaît le belcanto, le chanteur est incapable de l'appliquer, obligé de truquer pour venir à bout de sa partie. Évacuons également l'Elvira pépiante de Barbara Bargnesi.
Le reste du plateau est beaucoup plus convenable, avec d'abord l'Isabella de Marianna Pizzolato à la vocalisation parfois assez étrange, mais au timbre corsé et au chant franc, direct. L'actrice est convaincante, a pour elle la jeunesse et l'abattage, et réalise une excellente prestation. Bruno De Simone est également un très bon Taddeo, solide, drôle et bien chantant, de même que José Maria Lo Monaco, très présente en Zulma. La palme revient cependant au Lindoro du jeune Maxim Mironov, ténor au timbre absolument superbe, à l'émission franche et pas du tout nasale, et à la ligne de chant souple et précise. Quoique restant assez prudent, il a certainement le potentiel pour donner encore plus d'éclat à des aigus un peu parcimonieux, mais d'ores et déjà sa prestation le place parmi les excellents ténors rossiniens actuels – parmi lesquels Juan Diego Flórez, Lawrence Brownlee, David Alegret, etc.
Dans la fosse, la direction de Donato Renzetti est alerte, rythmée et précise. L'Orchestra del Teatro Comunale di Bologna donne la preuve qu'il est une des meilleures formatons italiennes, agile et disciplinée, dotée de solistes sans reproche.
RL