Chroniques

par laurent bergnach

Giovanni Paisiello
La serva padrona | La servante maîtresse

1 CD Zig-Zag Territoires (2007)
ZZT 070102
Giovanni Paisiello | La serva padrona

À la suite de Pierre Le Grand installant son pouvoir sur les bases d'un absolutisme hérité du modèle européen, Catherine II donne un rôle des plus importants aux arts en général, à la musique en particulier. Ce fut le moment de consolider la position internationale de la Russie et d'envisager certaines mutations. À l'époque où Giovanni Paisiello est admis à sa cour (1776), les théâtres jouaient régulièrement des œuvres de compositeurs tels que Francesco Onofrio Manfredini, Baldassare Galuppi, Giuseppe Sarti ou encore Tommaso Traetta. Chargé de s'occuper de tous les opéras (serie et buffa), les cantates et les fêtes théâtrales que le faste exigeait, le Napolitain, d'abord engagé pour le seul prestige de son titre de maestri di cappela, obtient très vite l'approbation générale – c'est le cas de l'ouvrage qui nous intéresse aujourd'hui, lors de sa création à Saint-Pétersbourg, le 10 septembre 1781.

En novembre 1777, le poète de cour Marco Coltellini décède, laissant un poste vacant pour très longtemps. Ainsi, à l'été 1781, quand il est contraint de trouver un sujet buffo pour des festivités à venir, Paisiello se tourne vers un livret ancien mais probablement inconnu des courtisans : La serva Padrona, intermezzo de son compatriote Gennaro Antonio Federico, que Giovan Battista Pergolesi avait déjà mis en musique cinquante ans plus tôt, en 1733. Pour s'adapter aux contingences du théâtre chanté, le compositeur remanie quelque peu le texte, valorisant les morceaux d'ensemble.

Attendant en vain son chocolat depuis plus de trois heures, Umberto se lamente : « J'ai élevé cette petite servante avec douceur / Je lui ai fait des caresses / Je l'ai traitée comme ma propre fille ! / Mais elle est devenue si arrogante, si prétentieuse, que de servante elle finira maîtresse ». Et c'est ce qui arrivera en effet, car les ruses d'une femme décidée sont sans parade ! La basse Antonio Abete offre à son personnage des récitatifs expressifs, un chant souple et nuancé. Face à lui, bien que manquant parfois de corps, l'attachante Serpina de Cinzia Forte jouit d'un timbre rond et d'aigus faciles. Avec une direction équilibrée d'Attilio Cremonesi, tour à tour vive et élégante, La Cetra laisse un beau témoignage de ce qu'ont été les soirées des 5 et 6 mai 2006, au Théâtre de Poissy.

LB