Chroniques

par jo ouaknin

Guillaume de Laubier – Antoine Pecqueur
Les plus beaux opéras du monde

Éditions de La Martinière (2013) 240 pages
ISBN 978-2-7324-5698-0
Guillaume de Laubier – Antoine Pecqueur | Les plus beaux opéras du monde

Qui jamais n’a rêvé d’une soirée dans telle maison d’opéra ? Qui jamais n’a imaginé folâtrer d’une ville l’autre de théâtre lyrique en théâtre lyrique ? Qui jamais n’a fantasmé un calendrier idéal des représentations de ses ouvrages favoris, avec ses chanteurs fétiches, ses chefs adorés et ses metteurs en scènes révérés, qui lui permît un véritable tour du monde lyrique en quatre-vingt jours ? Indéniablement, l’aura du monde de l’opéra ne se résume pas aux œuvres jouées ni aux vedettes engagées pour une série de représentations. C’est un tout indissociable où le lieu lui-même est pour beaucoup. Ces temples ont leur légende et, plus simplement, leur histoire. Le nostalgique ira se recueillir dans les velours et les vieux ors d’un confortable édifice du XIXe siècle, le pur leur préfèrera l’ascèse des architectures d’aujourd’hui, au mondain plaira la fréquentation des bijoux baroques, tandis que le puriste privilégiera les écrins de bois de la Renaissance.

Si vous-mêmes êtes de ces promeneurs lyricophiles, sans doute avez-vous vos préférences, parmi les salles qui vous sont devenues familières et parmi celles que vous ne connaissez pas encore. Le photographe Guillaume de Laubier a laissé son œil dérober des images qui vous seront chères, d’autres qui éveilleront immanquablement votre curiosité, voire votre convoitise – car il y a du conquérant dans le spectateur d’opéra, oui ! Dans ce beau livre qu’un soir de réveillon l’on offrira avec plaisir – au risque de remettre à l’ami le même précieux objet dont il vous fait présent, attention !... –, vous retrouverez et découvrirez une trentaine de ces fabuleux mirages, avec leurs réussites, leurs joyaux, leurs difficultés aussi, jusqu’à l’antithèse qu’est le Sydney Opera House dont le « ratage » ponctue d’austérité le dernier quart du présent volume.

Choix judicieux, ce « catalogue » est ouvert par l’Aalto-Musiktheater d’Essen dont la construction ajournée par le décès de son architecte, en 1976, lance quelques années plus tard un de ces défis qu’on appelle « rêves ». Il se conclut dans la joueuse poésie du charmant petit théâtre baroque du Château de Český Krumlov, en Bohème. Les « grandes maisons » sont du rendez-vous, bien sûr, de la Semperoper (Dresde) à La Scala (Milan) en passant par le Palais Garnier. La tendre rigueur nordique se laisse admirer à Drottningholm, tandis que les amphithéâtres de Palladio (Vicence, 1580) et d’Aleotti (Parme, 1628) séduisent d’une majesté « antique ».

Bon voyage !

JO