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De son propre aveu, la rencontre de György Kurtág avec la pédagogie du piano amena des interrogations profondes. Outre les questions ouvertes vers l'abord qu'un enfant peut avoir du clavier, de ce qu'il peut trouver non seulement amusant mais surtout inventif d'y faire, c'est un retour sur soi que la démarche imposait au compositeur hongrois.

Conçus nécessairement comme des pièces simples, les Játékok – soit Jeux, en français – ont ainsi dépassé leur but premier, livrant leur auteur au petit enfant qu'il avait oublié avoir été. Cette rencontre inattendue, survenue dans une période vitale de quête du soi, envahit peu à peu son esthétique, de sorte qu'on pourra regarder ces recueils comme autant de pages d'un journal intime dont seule, peut-être, Márta put partager les secrets.

Bien que le musicien ait affirmé ne pas considérer ces brèves pages comme des compositions mais uniquement comme des exercices, l'écoute qu'on en peut avoir est aisément saisie par la proximité de leur poésie. De fait, le projet déborde largement le cadre. En apprenant à faire du clavier un moyen d'expression évident et naturel, c'est toute une attitude au monde que les Játékok transmettent.

Avec Gábor Csalog, nous parcourons un choix de jeux intelligemment diversifié, où interviennent parfois deux mains supplémentaires, celles d'András Kemenes. Pour finir, György et Márta Kurtág donnent, sur un piano droit avec super-sourdine, Virág az ember, la petite préférée du compositeur, puis une délicate transcription d'un extrait du Gottes Zeit ist die allerbeste Zeit BWV 106 de Johann Sebastian Bach.

HK