Recherche
Chroniques
György Ligeti
œuvres variées
Quarante ans après que György Ligeti (1923-2006) ait quitté sa Hongrie natale envahie par l'Armée Rouge (fin 1956), Sony Classical commença à commercialiser des interprétations de références avec des artistes exigeants : London Sinfonietta Voices, Quatuor Arditti, Tabea Zimmermann ou encore Pierre-Laurent Aimard. Nous les retrouvons dans ce coffret de neuf disques, dans des morceaux appartenant à des époques de création variée et regroupés par thème précis – tels musique mécanique, avec son fameux Poème symphonique pour 100 métronomes (1962), ou musique chorale a cappella.
Les œuvres pour clavier tiennent une place importante ici – comme ce Ricercare (1951) en hommage à Frescobaldi conçu pour orgue, ou cet Hungarian Rock (Chaconne, 1978) dédié au clavecin d'Elisabeth Chojnacka –, avec une préférence pour le piano. Depuis 1985, Ligeti lui consacre plusieurs livres d'Études [lire notre critique du CD], avec ce but : « écrire une musique venant de la position des doigts sur les touches. L'idée première a été la joie, tout à fait sensuelle, de jouer, même si l'œuvre n'a rien d'une improvisation ».
Ligeti ne néglige pas pour autant les cordes et les vents, avec lesquels il crée des incontournables de sa musique de chambre : Quatuor n°1 (1953-54) [lire notre critique du CD], Six Bagatelles (1953), Sonate pour alto solo (1991-94), etc. De l'aveu même du compositeur, les Dix pièces pour quintette à vent, écrites pendant l'automne et l'hiver 1968, sont une continuation du Quatuor n°2 achevé durant l'été, dans lesquelles il explore la notion de gestes musicaux, avec virtuosité mais sans difficultés inutiles.
Étudiant, le musicien a beaucoup chanté dans des chœurs a cappella, ce qui explique le nombre de pièces, souvent inspirées du folklore, qu'il destine à cette formation dans les années quarante et cinquante. Le canonique Lux aeterna (1966) marque un tournant vers les œuvres tardives, tels Nonsense Madrigals (1988), mais font suite aux premières tentatives de théâtre musical que sont Aventures et Nouvelles Aventures (1962-1965).
Parmi ces œuvres intimistes – qui viennent compléter, voire remplacer, celles des trois disques d'un coffret paru en 2006 chez Wergo (un label que Ligeti a parfois critiqué) –, on a la (bonne) surprise de trouver Le Grand Macabre. Remanié en 1996-97, l'opéra créé vingt ans plus tôt rencontra le public du Châtelet en février 1998 (après celui de Garnier, dans les années quatre-vingt). Esa-Pekka Salonen et le Philharmonia Orchestra s'y partageaient l'affiche avec Laura Claycomb et Willard White, notamment.
LB