Chroniques

par l'éditeur

Hélène Cao
Thomas Adès le voyageur – Devenir compositeur. Être musicien

Éditions M.F. (2007) 150 pages
ISBN 978-2-915794-20-5
Thomas Adès le voyageur – Devenir compositeur. Être musicien, par Hélène Cao

Thomas Adès, compositeur né en 1971 : que peut le musicologue, plus habitué à réaliser des bilans ? La liste des œuvres ira en croissant et le langage connaîtra peut-être de sérieuses mutations. Le musicien britannique invite néanmoins à écarter ces réticences, puisqu'il est déjà l'auteur d'une trentaine de partitions qui embrassent tous les genres, dont le style et le langage se reconnaissent immédiatement. Certes, il n'est pas le seul de sa génération à posséder un tel catalogue : l'Allemand Matthias Pintscher (né aussi en 1971) et le Français Bruno Mantovani (né en 1974) – pour ne citer qu'eux – se montrent encore plus prolifiques. Mais lui seul a atteint une telle notoriété internationale. Par ailleurs, il est également pianiste, chef d'orchestre et directeur du festival d'Aldeburgh depuis 1999. Une pluralité de compétences que partagent d'autres compositeurs. Ce qui est moins fréquent, c'est de mener en permanence ces activités de front.

Écrire un livre sur Thomas Adès, c'est en outre se livrer à un jeu de piste. Les renseignements biographiques sont tout aussi succincts que les propos du compositeur, lequel n'accorde une interview et ne commente ses partitions qu'exceptionnellement. Il accepte cependant de dévoiler quelques aspects de sa musique si son interlocuteur lui présente le résultat d'investigations fondées sur une analyse approfondie : il préfère découvrir un point de vue qui jettera sur son œuvre un éclairage inattendu et l'incitera à réfléchir à sa propre création.

Cette attitude va de pair avec un refus de s'exprimer publiquement sur des sujets politiques ou sociaux, auxquels il n'est pourtant pas indifférent. Mais selon lui, la musique ne saurait infléchir le fonctionnement d'une société et défendre une quelconque idéologie. Elle doit se suffire à elle-même, credo formulé dès 1994 :« Les œuvres transportent dans un autre monde possible mais conservent leurs secrets. La musique doit être inouïe ; elle doit être inutile, si tant est qu'elle possède une utilité » (propos repris dans le programme du Musikfest Berlin de 2005).