Chroniques

par françois-xavier ajavon

Hamilton Harty
Comedy Overture – Fantasy Scenes – Concerto en si mineur

1 CD Naxos (2006)
8.557731
Hamilton Harty | œuvres pour orchestre

Avec ce disque, édité dans la collection British piano concertos, Naxos permet de redécouvrir l'œuvre du compositeur irlandais oublié Sir Hamilton Harty (1879-1941). Figure marquante de la musique britannique de la première moitié du XXe siècle, Hamilton Harty a été injustement emporté dans la poubelle de l'histoire musicale à cause de la prédominance de ses glorieux concurrents (Bax, Britten, Vaughan Williams, Holst, etc.), du classicisme parfois trop prudent de ses œuvres et de son inventivité mélodique plaisante mais pas révolutionnaire.

Harty a surtout compté en tant que pianiste et chef d'orchestre dans le paysage musical britannique de son temps. Après un apprentissage du piano à Dublin, auprès de Michele Esposito, il s'installe à Londres où il se fait d'abord un nom comme pianiste accompagnateur, puis rapidement comme chef d'orchestre (notamment du prestigieux London Symphony Orchestra). Dans des climats passionnels, le conductor Harty défend les œuvres encore controversées de Berlioz, Mahler, Walton, Bax ou Chostakovitch.

Le Concerto en si mineur (1922) fut écrit lors d'un voyage en Italie. Un an plus tard, le compositeur le créa lui-même, avec l'appui de l'immense Thomas Beecham au pupitre. L'œuvre, formellement très classique et sans surprise, est composée de trois mouvements équilibrés qui conduisent à une durée d'exécution d'environ trente minutes. C'est un concerto plaisant qui s'inscrit dans une tradition postromantique vaguement décadente, nourrie de références à Rachmaninov et au piano de Chopin. Le mouvement lent, central, Tranquillo e calmo, retient cependant l'attention par sa grâce et sa délicatesse mélodique.

Le programme se poursuit avec deux courtes pièces orchestrales qui permettent de prendre la mesure de l'aisance mélodique d’Harty et du champ de son inspiration celtique. En une dizaine de minutes, la Comedy Overture (1906) nous entraîne dans un tourbillon de gaieté expansive et parfois un peu bruyante, mais parvient à émouvoir dans certaines de ses subtiles inflexions mélancoliques. Fantasy Scenes (from an Eastern Romance) (1919) s’avère une page orchestrale d'une dizaine de minutes, découpée en quatre brèves parties autour de séquences mélodiques illustratives et descriptives. Dans la veine de Shéhérazade (Rimski-Korsakov), l'auteur explore les fantasmatiques diverses d'un Orient mythologique et rêvé. On retiendra encore le mouvement lent de la pièce Lonely in Moonlight aux solos instrumentaux subtilement organisés et à l'atmosphère pleine de retenue et de passion (plage 4) .

Grace à un enregistrement digital très vivant, Peter Donohoe au piano etTakuo Yuasa à la tête du modeste Ulster Orchestra parviennent à raviver la flamme de cette musique oubliée et mettent de l'ardeur à démontrer que toute œuvre humaine mérite l'éternité, même celles des artistes mineurs. Très succinct, le livret est en langue anglaise uniquement.

FXA