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Chroniques
Harrison Birtwistle
Punch and Judy | Punch et Judy
Tirant leurs origines de la commedia dell’arte, Punch et sa femme Judy sont les personnages d’un spectacle de marionnettes célèbre en Grande-Bretagne, présenté de nos jours sur les champs de foire ou en bord de mer durant les vacances d’été, dont un écrit témoigne déjà de l’existence en 1662. Devenu librettiste par hasard, le pianiste Stephen Pruslin confie que lors de sa première rencontre avec Harrison Birtwistle (né en 1934), ce dernier avait déjà une idée précise d’un sujet connu de tous – alors que lui-même n’aurait jamais imaginé se consacrer à un tel travail un jour :
« Moins d’un an plus tard, à notre étonnement, nous réalisâmes qu’une collaboration s’était mise en place de façon spontanée ; nos discussion sur l’opéra avaient menées à une vision commune de cet ouvrage devenu une obsession mutuelle très puissante ».
Bien sûr, il ne s’agissait pas de produire un opéra pour enfants, mais « un drame stylisé et ritualiste pour adultes, utilisant pour point de départ les images, les ornements et l’attirail de l’original ». L’œuvre tient du drame grec puisqu’un chœur, conduit par Choregos, commente l’évolution de Punch entre quête d’un idéal (Pretty Polly) et comportement sadique largement injustifié – tel un Pinocchio qui aurait finalement grandit sans conscience ni morale.
Commandé sur la base de son scénario par le Festival d’Aldeburgh, Punch and Judy est composé entre janvier 1966 et janvier 1967, puis créé le 8 juin de l’année suivante. Sous-titré « a tragical comedy or a comical tragedy », son acte unique d’une heure et quarante minutes se compose d’une centaine de numéros variés et souvent brefs – référence à la Matthaüs Passion de Bach, considérée comme un modèle de « théâtre invisible » – parmi lesquels une parodie de couronnement drolatique.
Réalisé aux Studios Decca de Londres en juin et juillet 1979, cet enregistrement (sans traduction du livret) regroupe six chanteurs talentueux accompagnés par David Atherton dirigeant The London Sinfonietta : Stephen Roberts (Punch vaillant, aux rires sardoniques), Jan Degaetani (Judy intimiste comme sur le boulézien Be silent, strings of my heart – passion aria II), Phyllis Bryn-Julson (Pretty Polly éclatante), David Wilson-Johnson (Choregos), Philip Langridge (Lawyer) et John Tomlinson (Doctor).
LB