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Chroniques
Heitor Villa-Lobos
œuvres pour piano (intégrale vol.4)
Principal ambassadeur de la musique sud-américaine – et brésilienne en particulier –, Heitor Villa-Lobos (1887-1959) a beaucoup écrit pour le piano. Naxos présente le quatrième volume de ses œuvres composées pour cet instrument, pièces de caractère isolées ou regroupées (cycle ou suite), d'une belle variété de procédés formels.
Par bien des aspects, Simples Coletânea ressemble à la Suite Florale – entendue dans le volume 3 de cette intégrale [lire notre critique du CD]. Il s'agit d'un triptyque regroupant des pages étonnamment différentes, vraisemblablement réunies pour des raisons éditoriales.Valsa Mistica (1917), Num Berço Encantado (1918), et Rhodante (1919) offrent un aperçu du langage musical de Villa-Lobos, teinté d'esthétique impressionniste, bien avant sa découverte personnelle de l'Europe. On retrouve la pianiste Sonia Rubinsky, étonnamment moins expressive que dans le fort beau volume précédent de cette publication.
Le monde de l'enfance est souvent présent : ainsi le Carnaval das Crianças, écrit en 1919-1920 – puis orchestré en 1929 –, nous plonge-t-il dans une fête enfantine d'une fraîcheur pleine d'énergie où l'interprète s'avère tout à fait à l'aise. Francette et Pia (1928) est l'histoire d'un petit Indien du Brésil qui rencontre une jeune fille lors d'un voyage en France : on surprendra ici un précieux pastiche de nos chansons…
Plus connu, Bachianas Brasileiras n°4 appartient à un groupe de neuf morceaux conçu pour instruments variés et voix, écrit entre 1930 et 1945 avec pour objet de mêler les techniques compositionnelles de Bach aux éléments de musique traditionnelle. Déjà petit, Villa-Lobos entendait sa tante Zizinha lui jouer Le Clavier bien tempéré : de là viendra une véritable fascination pour Bach qui transparaîtrait dans de nombreuses œuvres. Les quatre pièces de ce cycle plein d'entrain alternent référence à la chanson monotone de l'oiseau forestier araponga, allusion à une samba rurale du sud-est, et musique plus abstraite. Sonia Rubinsky trouve le juste équilibre entre l'emphase intrinsèque de l'œuvre (Preludio), sa dignité (çoral), et ses élans les plus inventifs.
À une élégante et triste musique de salon qui fleurit au Brésil au passage du siècle appartient la Valsa Romântica de 1907. Simplicité de composition, transparence de texture technique et régularité métrique sans faille en font un des moments les plus charmants de cet enregistrement.
Deux courtes pièces pour compléter un programme fort intéressant : A Fiandeira de 1921, d'une stupéfiante complexité, et le Poema Singelo, sorte de valse de toute beauté, bien que presque inconnue, et dédiée à l'épouse du compositeur.
HK