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Chroniques
Ildebrando Pizzetti
Assassinio nella cattedrale | Meurtre dans la cathédrale
Fils d'un marchand originaire de Normandie, Thomas Becket (1117-1170) devient le chancelier et l'ami du roi Henri II Plantagenêt dès l'avènement de celui-ci sur le trône d'Angleterre. Tous deux partagent faits d'armes en Aquitaine et plaisirs de la cour jusqu'en 1162, année où Henri II croit stratégique de confier à son ami l'archevêché de Canterbury. Mais Becket prend très vite sa nouvelle charge au sérieux : après avoir lui-même taxé des abbayes pour couvrir les besoins de la cour jadis, le voici qui s'oppose publiquement à son ancien ami qui veut tirer profit des terres de l'Église et soumettre les ecclésiastiques à sa juridiction. Dans un premier temps, Becket accepte les Constitutions de Clarendon qui placent l'Église anglaise sous autorité royale, avant de se réfugier en France. Dans l'espoir d'une réconciliation, il revient six ans plus tard. Mais les querelles reprennent, allant jusqu'à l'excommunication de tous les évêques ayant soutenu la Couronne. Prenant au mot une phrase d'exaspération de leur souverain, quatre chevaliers se rendent à la cathédrale pour se débarrasser définitivement du gêneur, durant la célébration des vêpres.
En se concentrant sur la mort et le martyre de l'ecclésiastique, le dramaturge Thomas Stearns Elliott a tiré une pièce célèbre (1935) qui donne son nom à l'ouvrage d'Ildebrando Pizzetti (1880-1968), créée à La Scala le 1er mars 1958. Représentant de la Génération de 1880 avec Respighi, Malipiero et Casella, ce natif de Parme y devient professeur de composition avant d'enseigner l'harmonie et le contrepoint à Florence (1908-1924), puis de diriger le Conservatoire de Milan et l'Académie de Sainte-Cécile, à Rome. Influencé par les sombres thèmes néoclassiques de Gabriele d'Annunzio, friand de drames de haute tenue morale se déroulant en des périodes archaïques (Fedra, Dèbora e Jaèle, Il Calzare d'argento, etc.), en ce qui concerne la musique, Pizzetti semble ici inspiré par Mahler et Puccini ; mais son écriture, résolument non moderne, s'avère très personnelle, à l'instar de Poulenc ou Britten.
Captée le 22 décembre 2006, la présente production offre une honnête mise en espace dans un lieu magnifique, mis en valeur par les éclairages : la Basilica di San Nicola (Barí), en Italie du Sud. Ce décor romano-normand du XIIe siècle rend plus proches les derniers instants du saint en devenir, ainsi que des images d'introspection ajoutées, mais l'histoire est complexe à suivre. Ruggero Raimondi se montre vite épuisant, avec ses grimaces et ses mouvements de bras. On trouve quelques belles voix, ici et là. L'orchestre local, dirigé par Piergiorgio Morandi, s'avère moyen, de même que les interventions d'un chœur d'enfants bien faible. Ajoutons à cela une mort grotesque et l'ensemble finit par apparaître ampoulé et prétentieux. C'est dommage.
SM