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Chroniques
Ivan Fedele
Maja – Erinni – Paroles y palabras – Modus – Imaginary islands
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Chaque fois que l'occasion est donnée de pouvoir entendre la musique de l'Italien Ivan Fedele (né à Lecce, dans les Pouilles, le 6 mai 1953), notre oreille est saisie par le raffinement de son écriture, par sa facilité à inventer sans cesse. C'est le luxe de la légèreté italienne, et le privilège de sa présence au monde, souvent enviés des Nordiques, en particulier des Germains dont l'histoire tant artistique que philosophique pourrait se baliser en voyages vers le sud, lieu fantasmé comme celui de la clé des mystères de l'instant. C'est un trait commun à beaucoup de ses compositeurs : ils inventent si facilement et si vite qu'ils ont la largesse de faire se succéder les merveilles sans s'embarrasser de traiter chacune d'elles dans une construction jusqu'auboutiste.
Les pièces chambristes réunies sur le très beau disque de L'Empreinte Digitale ne dérogent pas à la règle : l'ensemble Accroche Note nous révèle, si besoin était, un Fedele subtil et généreux qui surprend sans cesse, et jamais gratuitement. Comme son aîné Berio amoureux d'une certaine virtuosité, le musicien écrivait en 2001 Paroles y palabras pour soprano (ici Françoise Kubler, bien sûr) et violoncelle – que la même équipe créait au festival Présences cette année-là –, un cycle haut en couleurs aux caractères savamment contrastés. Et c'est sans conteste la clé de voûte de cet enregistrement ! D'ailleurs, les producteurs ne se sont pas trompés en plaçant l'œuvre au centre du disque, précédée et suivie de deux autres facettes de la facture de l'auteur.
Ainsi apprécions-nous Maja (1999), un triptyque pour soprano et six instruments sur des textes de Giuliano Corti, l'énigmatique Erinni (1998) pour cymbalum, piano et vibraphone (une association assez insolite, au demeurant), le passionnant Modus (1995) pour clarinette basse et percussion clavier, et surtout le complexe Imaginary Islands (1992) pour flûte, clarinette basse et piano dans une interprétation d'une précision médusante. En général, sans n'être jamais une musique facile, celle d'Ivan Fedele s'offre avec un goût affirmé du partage et du jeu qui l'a rend d'autant plus attractive.
HK