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Chroniques
Jérôme Bastianelli
Félix Mendelssohn
En 1842, à un cousin de sa femme Cécile qui lui propose de donner des titres à certaines de ses Romances sans paroles, Félix Mendelssohn répond :
« La musique est plus définie que la parole, et vouloir l'expliquer par des mots, c'est l'obscurcir. Il est des gens qui accusent la musique d'être trop ambiguë, alors que tout le monde comprend le langage parlé. Pour moi, c'est tout le contraire. Ce qu'exprime la musique que j'aime me paraît plutôt trop précis que trop imprécis pour pouvoir y appliquer des paroles. Si vous me demandez à quoi je pensais quand je composais, je vous réponds : au seul lied, tel qu'il est. Et si j'ai eu dans l'esprit certains termes définis pour l'une ou l'autre de ces pages, je me garderai de les dévoiler. La musique seule peut éveiller les mêmes idées et les mêmes sentiments chez l'un et chez l'autre ».
En présentant la vie du Hambourgeois de naissance à travers quatre chapitres thématiques – la Féerie, les Voyages, la Foi, le Bonheur –, Jérôme Bastianelli a pris le risque d'égarer son lecteur... et y réussit parfaitement. Ce n'est pas tant par l'usage d'une biographie bouleversée que cet ancien élève de l'École polytechnique nous sème en route (nous abordons le compositeur depuis son adolescence, rêvant sur Shakespeare avec ses frère et sœurs) que par nombre de bifurcations anecdotiques, de citations pédantes et d'affirmations hagiographiques douteuses – une curiosité pour la musique du passé que n'auraient pas eue les confrères de Mendelssohn ? –, lesquelles encombrent son texte, finissant par y gommer tout relief et repère.
L'influence proustienne mal digérée sied peut-être à un romancier, mais elle s'avère une plaie pour l'essayiste. De ce livre sur l'auteur des Noces de Camacho, on retiendra surtout ses propres mots, reproduits en tête de cet article.
LB