Chroniques

par l'éditeur

Jean-Jacques Rousseau
Dictionnaire de musique

Actes Sud (2008) 768 pages
ISBN 978-2-7427-6956-8
Dictionnaire de musique de Jean-Jacques Rousseau

En 1748, Rousseau avait rédigé en trois mois, à la demande de d'Alembert et Diderot, la partie musicale de l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. Mécontent de ce travail mené à la hâte, Rousseau le reprit, de 1756 à 1764, composant ainsi son Dictionnaire de musique, la dernière œuvre publiée de son vivant. Cette somme musicale porte un témoignage exceptionnel sur une période cruciale de l'histoire de la musique occidentale, celle qui s'étend de la mort de Bach à la naissance de Beethoven, et qui voit le classicisme se fonder sur les cendres de l'esthétique baroque.

Comme dans ses contributions à l'Encyclopédie, Rousseau, en parfait représentant des Lumières, définit, ordonne, analyse… et s'engage, allant jusqu'à anticiper l'esthétique mozartienne en prenant parti pour l'opera buffa italien. Cette charge contre la musique française représentée par Lully, Campra et Rameau, fera de lui l'un des acteurs majeurs de la fameuse « querelle des Bouffons ».

Mais l'apport du Dictionnaire de musique dépasse de fort loin les polémiques du temps. Mettant en scène la musique dans toutes ses virtualités – spéculatives, esthétiques, voire éthiques –, Rousseau ne se limite pas aux définitions : il recrée un contexte, et, ce faisant, pose les fondements de l'ethnomusicologie (par exemple en relativisant la notion de goût musical en fonction des cultures, en analysant des musiques traditionnelles entendues dans les campagnes…). Par un très long article consacré à la notion même de musique, il contribue à l'établissement d'une discipline à part entière, la musicologie. Cette édition, préparée et présentée par Jean-Claude Dauphin à partir de l'édition originale (1768), est augmentée des planches sur la lutherie tirées de l'Encyclopédie de Diderot.