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Chroniques
Johann Adolph Hasse
La serva scaltra | La servante rusée
Certains voient dans ce créateur le plus réputé de son temps l'idole de la fin du baroque. Élevé non loin de Hambourg, à Bergedorf, Johann Adolf Hasse (1699-1783) reçoit de son père une première formation musicale qui lui fait envisager une carrière de ténor. Doté d'une voix prometteuse, il entre dans la compagnie d'opéra du Gänsemarkt, puis se trouve engagé par le théâtre de la Cour de Brunswick-Lunebourg (ancien État de Basse-Saxe, qui doit son nom à ses deux villes principales). Finalement, même s'il tient le rôle du prince de Syrie dans sa première tentative lyrique – Antioco, représenté au Hoftheater de Brunswick-Wolfenbüttel, le 11 août 1721 –, c'est un avenir de compositeur d'opéras qui s'ouvre à lui.
Envoyé se former en Italie auprès de Porpora, l'Allemand se lie avec Alessandro Scarlatti, épouse la cantatrice Faustina Bordoni, répond à une invitation d'Auguste II de Saxe, puis découvre l'Angleterre où les opposants de Händel le courtisent en vain. Toutes les villes où il s'installe sont l'occasion d'une nouvelle création : Serostrato (1726) à Naples, Artaserse (1730) à Venise, Senocrita, Asteria et Atalanta (1737) à Dresde – trois rôles-titres tenus par Mme Hasse –, Olympia in Ebuda (1740) à Londres, Ipermestra (1744) à Vienne, etc. En tout, il compose près de cent vingt opéras, dont une grande partie malheureusement détruite par le feu lors du siège de Dresde, en 1760.
Si le musicien tisse des liens privilégiés avec Métastase (1698-1782) – au point d'apparaître comme son librettiste préféré, du dramma per musica Issipile (1732) à la festa teatrale Partenope (1767) –, Hasse a connu d'autres collaborations. Francesco Silvani, par exemple ; déjà présent sur le projet Attalo, re di Bitinia (1728), celui-ci puise chez Apostolo Zeno la matière du Tigrane, représenté au Teatro San Bartolomeo de Naples, le 4 novembre 1729. La Serva scaltra (La servante rusée) est un intermède en trois parties, prévu pour s'insérer dans ce dernier ouvrage, pendant le changement de décors et probablement devant le rideau baissé.
Le nom des protagonistes – Dorilla et Balanzone – fait d'emblée référence à la Commedia dell'Arte. Pour cette production filmée au Teatro Coccia de Novara (Piémont), fin novembre 2005, Deda Cristina Colonna en a respecté l'esprit, développant même certaines scènes grotesques grâce à des ajouts. « Nous nous sommes inspirés, dit-elle, d'autres intermèdes comiques de Hasse, dans lesquels, à côté des deux personnages qui chantent, ont été adjoints deux personnages muets et un groupe d'acteurs de pantomime avec leurs danses respectives. »
Si l'on entre vite dans l'histoire – la maîtresse d'une servante a un amoureux dont elle n'a que faire, voire dont elle n'a pas connaissance –, il n'en est pas de même avec la musique. La production est intéressante, les chanteurs sont corrects – le soprano Cristina Baggio et la basse Ferderico Sacchi –, l'orchestre dirigé par Massimiliano Toni ne semble pas mauvais, mais quel gâchis du côté de la prise de son ! Honteusement précaire, sans égalité de flux, éloignant les voix quand elle ne sature pas, elle nous fait abandonner la croisière avant la fin, à force de mal de mer…
LB