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Chroniques
Johann Sebastian Bach
transcriptions pour clavier
C'est un fort beau témoignage du récital donné par le pianisteVahan Mardirossian aux Flâneries Musicales de Reims, et tout entier consacré à des transcriptions : des œuvres de Bach transcrites pour le piano par d'autres musiciens, ou d'autres musiciens transcrites par Bach.
La soirée s'ouvrait avec la Fantaisie et fugue en sol mineur BWV 542 pour orgue dans l'adaptation de Liszt. L'interprétation proposée a l'avantage de nous faire entendre autant Bach que Liszt, dans un parcours délicatement nuancé, non sans un brin de théâtre. La palette de couleurs est généreusement développée, et la dynamique de cette lecture ne réside pas uniquement dans les oppositions et les contrastes, comme c'est souvent le cas. Le pianiste commence la fugue dans une extrême délicatesse, avec quelque chose de tout simple et de très tendre, toujours merveilleusement articulé, sans marquer trop le temps. Les pédales sont sollicitées avec prudence. L'excessif marcato de la fin vient toutefois un peu gâcher l'ensemble.
Pour le Concerto pour hautbois de Benedetto Marcello transcrit pour le clavier par Johann Sebastian Bach (BWB 974), Vahan Mardirossian a choisi une sonorité judicieusement sèche, mettant en valeur une ornementation agile tout le long d'un Andante de velours. L'Adagio paraît feutré, comme masqué par un tulle, toujours infiniment tendre. Le troisième mouvement reste tamisé sur la première exposition, ménageant des effets plus brillants pour la reprise, dans une belle gamme de nuances, bien que la main gauche finisse par alourdir le jeu, sur la fin.
En 1926, Sergeï Rachmaninov s'attelle à de nouvelles transcriptions d'œuvre de Kreisler, Rimski-Korsakov et Bach : ainsi cette Suite qu'il extrait alors de la Troisième partita pour violon BWV 1006. Le Prélude est étonnement clair sous les doigts de Mardirossian, offrant une vélocité jouissive. Les rubati du second mouvement ne sont pas toujours d'un goût certain, même s'ils renvoient judicieusement au style du transcripteur lui-même. La Gigue est sans conteste la partie la moins convaincante de ce disque, lourde et heurtée, sans élégance.
Enfin, la Chaconne de la Quatrième partita pour violon BWV 1004 dans la version de Ferruccio Busoni fait l'objet d'une interprétation raffinée, énergique, un rien dévastatrice. Indéniablement, le travail de Busoni n'est pas des plus fins, il faut le reconnaître, mais le pianiste parvient cependant à le détourner suffisamment pour le rendre supportable. Par ailleurs, le récital était ponctué de quelques Chorals d'orgue arrangés par le même : ils ont été joués dans un moelleux délicieux, chantant dans une grande paix, de même que le premier bis. Tout s'achève avec un lumineux et fragile Prélude de Wilhelm Friedrich Bach transcrit par Alexandre Siloti tout au long duquel Mardirossian entretient un pianississimo divin.
BB