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Chroniques
Johann Sebastian Bach
Sonates et Partitas BWV 1001-1006
La fascination des violonistes pour les sonates et partitas composées par Johann Sebastian Bach en 1720 a donné lieu à des enregistrements multiples, orgueils des discothèques sinon matière à déception. À son tour, voici que s’y colle Hélène Collerette, premier violon-solo de l’Orchestre Philharmonique de Radio France depuis 1996.
Tout commença et prit forme avec le confinement, dans l’appartement parisien de la musicienne. Le travail fait maison porte la marque d’une artiste aussi modeste qu’exigeante. Le double CD est disponible sur commande sur son site Internet ainsi que sur différentes plates-formes, en téléchargement, ou encore en libre écoute sur YouTube, avec un son haute-fidélité.
Une orfèvre du studio est à l’œuvre dès les premières notes. Adagio au phrasé lyrique saisissant, délicate et envoûtante fugue, sicilienne d’une tendresse si expressive et Presto étincelant font de la Sonate en sol mineur BWV 1001 une entrée délectable. Plus intrépide ensuite, le jeu violonistique relève le défi de contrastes ahurissants à travers les quatre danses de la Partita en si mineur BWV 1002 et de leurs doubles. Ainsi l’Allemande au relief comme accidenté, puis dans une sorte de rêverie hors du temps, précède-t-elle l’embrassade forte, mais aussi distante, de la Courante, avant que tout semble s’écouler entre songe calme et virtuosité fantastique. Pour la noblesse du geste et le lyrisme terrible (Grave à quatre temps), la complexité des motifs d’une fugue élevée jusqu’au rang d’hymne heureux, puis à travers l’audacieuse plénitude du mouvement lent et enfin la gaieté presque violente de l’Allegro, par la force d’une bonté divine donnée aux hommes, la Sonate en la mineur BWV 1003 emporte l’adhésion du mélomane sensible au charme dichotomique du jeune Bach. Astrale, la Partita en ré mineur BWV 1004 brûle de poésie dramatique, en son cœur surtout, la Sarabande entonnée à la perfection. La luxuriante Gigue confirme l’immense habileté et le déroulé limpide d’une musique offerte comme d’un seul souffle, avant la poignante Chaconne aux divins arpèges, œuvre transcendante offerte comme jamais.
Dans la subtile polyphonie et la remarquable continuité de la Sonate en ut majeur BWV 1005 menant au joyeux faste d’une ultime Partita en mi majeur BWV 1006 exquise de sensibilité, tout semble alors bien en place pour une rencontre optimale avec l’auteur d’une musique moins baroque que géniale et donc inqualifiable en tant que telle, qui gronde parfois, qui peut enchanter, qui sait briller, amadouer la tristesse...
FC