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Chroniques
Johann Sebastian Bach
cantates
Entre Aus der Tiefen rufe ich, Herr, zu dir BWV 131 (Mühlausen, 1707) et Lobe den Herrn, meine Seele BWV 69 (Leipzig, c.1747), ce sont plus de deux cents cantates sacrées que signe Johann Sebastian Bach (1685-1750). D’emblée, l’usage du choral luthérien différencie le natif de Thuringe d’autres prédécesseurs à l’orgue de Saint-Blaise (Mühlhausen), comme le précise François Filiatrault dans la notice du disque : « chez lui, les mélodies issues de la Réforme deux siècles plus tôt et que tous les fidèles connaissent sont tour à tour harmonisées, contrepointées, ornées, variées ou utilisées comme cantus firmus, enrobées par un jeu simple ou complexe de voix et d’instruments ».
Vétérane des quatre cantates au programme – les premières s’apparentent plutôt à des concerts spirituels, mais l’usage retient ce terme générique –, Christ lag in Todesbanden BWV 4 (Christ gisait dans les liens de la mort – Mühlhausen, 1708) emprunte ses sept strophes à Martin Luther (1483-1546) pour évoquer la victoire sur la mort. Conçu comme un motet de style ancien émaillé de réminiscences (Böhm, Buxtehude, Pachelbel), le figuralisme y règne en maître. Quelques mois après cette création pascale redonnée à Leipzig en 1724 et 1725, Gottes Zeit ist die allerbeste Zeit BWV 106 (Le temps de Dieu est le meilleur des temps – Mülhausen, 1707) voit le jour, rassemblant des extraits de la Bible sur l’agonie au Golgotha et l’apaisement lié aux promesses divines. Sous-titrée Actus tragicus, la cantate a sans doute accompagné le service funèbre d’un oncle maternel.
Contrairement à celui qui se soucie de luxure et d’avarice, le chrétien véritable est une bonne terre qui retient la graine qu’on y lance. C’est ce que raconte Leichtgesinnte Flattergeister BWV 181 (Les esprits frivoles et insouciants – Leipzig, 1724), fondé sur des mots anonymes ravivant la parabole du semeur, commune aux quatre Évangiles. Enfin Es ist das Heil uns kommen her BWV 9 (Le salut nous est venu – Leipzig, c.1732) invite à l’espoir, à la confiance, et rappelle au fidèle que le salut est affaire de foi (« Nur der Glaube macht gerecht » – seule la foi rend équitable).
Ensemble constitué spécialement pour le festival canadien éponyme (fondé en 2003), Montréal Baroque réunit ici une vingtaine d’instrumentistes avec cordes, flûtes à bec, sacqueboutes, cornet à bouquin, orgue, etc. Le New-yorkais Eric Milnes les guide le long de cette frontière entre dernier soupir et vie éternelle, parfois d’une gravité quasi funèbre, mais le plus souvent empreinte de légèreté. Les chœurs sont chantés à une voix par partie, mêlant ou alternant quatre solistes sans faille : Odéi Bilodeau (soprano agile), Elaine Lachica (alto expressif), Philippe Gagné (ténor nuancé) et Drew Santini (baryton d’une tendre fermeté).
LB