Recherche
Chroniques
Johannes Brahms
sonates pour violoncelle et piano
Email
Imprimer
Twitter
Facebook
Myspace
Le label canadien Analekta présente un enregistrement à la sonorité particulièrement soignée des sonates deJohannes Brahms. La qualité du jeu de Yegor Dyachkow s'impose dès le début sur l'Opus 38 en ré mineur tout imprégné encore du travail des maîtres anciens. L'Allegretto est joliment construit, non sans une certaine gravité dans l'exécution. Les instrumentistes font entendre ensuite une sorte de geste plus libéré de la forme sur le second mouvement. Enfin, le dernier, pour posséder un gras de son tout à fait généreux, est maladroitement gâché par un tactus trop marqué au piano, si bien que la fugue disparaît. Par définition, une fugue s'échappe, de toute sorte de manière, jusqu'à l'impalpable, et là, elle se solidifie, comme bétonnée. C'est dommage.
En revanche, l'interprétation de la Sonate en fa majeur Op.99 se montre exemplaire. D'une facture plus moderne, elle est nettement plus complexe. Si les mouvements s'enchaînent en opposant de beaux contrastes, on appréciera immanquablement la fluidité incomparable du violoncelle dans l'Allegro molto. Jean Saulnier au piano a, ici aussi, tendance à lourdement signaler le temps, mais dans des proportions moins envahissantes. Signalons un magnifique Adagio affettuoso où les artistes semblent partager de vieux souvenirs...
Dernière pièce au programme de ce disque, la Sonate en ré majeur Op.78, en fait une transcription pour violoncelle de la Sonate pour violon et piano en sol majeur, offre un premier mouvement pris un peu plus lentement qu'on a l'habitude de l'entendre, ce qui surprend, mais surtout accommode cette page à l'instrument pour lequel elle fut transcrite, faisant sonner des graves pénétrants. Très vite, on n'entend plus du tout l'originale. L'Adagio est joué avec une expressivité saisissante, certaines phrases se trouvant comme suspendues. Ici, les deux artistes servent merveilleusement la musique, amenant un Allegro molto moderato d'une simplicité très émouvante. Le violoncelliste est irréprochable, d'un bout à l'autre, sachant nuancer sans souffrir des éternelles approximations que l'on rencontre la plupart du temps avec cet instrument, même avec de grands noms qu'il conviendra de taire.
AB