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Chroniques
Johannes Brahms
Concerto pour piano en si bémol majeur Op.83 n°2
Après un enregistrement musclé des Sonates n°8 et n°6 de Prokofiev, la pertinence du disque des Sonates n°2, n°4 et n°5 de Beethoven avec Anne Gastinel [lire notre critique du CD], et la générosité pleine d'allant et de lyrisme des Sonates n°1 et n°2 de Brahms avec la même violoncelliste, c'est avec plaisir que l'on retrouve le pianiste François-Frédéric Guy dans le Concerto en si bémol majeur Op.83 n°2 de Johannes Brahms, lors du concert du 31 mai 2003 au Royal Festival Hall de Londres – oui, c'est un live – avec Paavo Berglund à la tête du London Philharmonic Orchestra. Nous vous avons présenté, il y a peu, le DVD réalisé par Yvon Gérault pour Les Pianos de la Nuit, qui offre une interprétation élevée de pièces de Liszt [lire notre critique du DVD].
Dès l'entrée du cor, dépouillée et prometteuse comme un désert, on sait qu'il s'agit d'une version extrêmement précise, dénuée d'emphase, tout en s'accordant un certain lyrisme, toujours contrôlé. La lecture de Berglund, subtile et raffinée, révèle la finesse de l'orchestration, et souligne la dynamique de l'écriture pianistique. François-Frédéric Guy construit sa partie comme un vaste édifice qui prend en compte le paysage alentours. Il donne un Allegro appassionato farouche, puissant autant qu'équilibré. La sonorité est ronde, et jamais brutale, même dans les passages fougueux. Dans l'Andante, on goûte les qualités du violoncelle solo, Robert Truman, présent mais toujours discret. On peut d'ores et déjà affirmer que cette version brille par sa retenue, inscrivant l'œuvre dans le respect de son auteur pour les classiques, sans aucun laisser-aller. Quelle classe ! Le piano arrive délicatement, égrainant une phrase un rien alanguie souverainement nuancée, portée par un souffle infini. La suite du mouvement se développe sans heurt. Chef et pianiste avancent ici main dans la main. Facétieux, François-Frédéric Guy soigne un moelleux tout mozartien pour l'élégante exposition du thème principal de l'Allegretto grazioso. Mais il ne s'installe pas dans cette couleur : au contraire, il évolue dans les divers climats et la multiplication des thèmes avec beaucoup d'aisance. L'orchestre distribue de charmants soli, avec beaucoup d'esprit. Le ton général demeure sérieux, toutefois, et lorsqu'une méditative contemplation semble poindre, elle est aussi tôt contredite par des contrastes magnifiquement gérés.
Indéniablement, voilà unes des plus belles versions du Second Concerto.
BB