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Chroniques
John Cage
Une année dès lundi – Conférences et écrits
« Je crois parfois que le plaisir que je trouve dans la composition, auquel j'ai renoncé en musique, se poursuit dans l'écriture, ce qui explique pourquoi j'ai tant écrit récemment » confie John Cage (1912-1992) dans la seconde partie de sa vie. Faisant suite aux poésies traduites par Christophe Marchand-Kiss pour un précédent ouvrage [lire notre critique de l’ouvrage], Textuel propose une nouvelle rencontre avec les écrits du compositeur américain, dont certains inédits en français, et qui respectent la disposition et les jeux typographiques voulus par l'auteur – polices de caractères, marges, italiques, etc.
Souvent écrits sous l'influence aléatoire du Yi-king ou de la Catridge Music, ces textes ont des origines très diverses : articles commandés ou repris par des revues nord-américaines et la radio japonaise, courriers, catalogues d'exposition, conférences ou causeries. On y retrouve en partie des extraits d'un Journal auquel Cage est resté attaché jusque dans les années 1980 – Comment rendre le monde meilleur (on ne fait qu'aggraver les choses) (1965 à 67), Atelier de musique à Emma Lake (1965) ainsi que Public (1966).
De façon plus développées que dans Poésies publié en 1998 et toujours accompagnées de notes très éclairantes, on retrouve dans ces pages denses des allusions à la vie quotidienne des États-Unis (le LSD, le crédit, l'écologie, la guerre du Vietnam) mais surtout, s'attachant à de prestigieuses figures artistiques, des réflexions sur la musique (Boucourechliev, Takemitsu, Ives, Schönberg), la peinture (Duchamp, Miró, Jasper Johns), l'architecture (Le Corbusier), la danse (Merce Cunningham), etc.
On tombe alors sur des phrases comme « Pour obtenir des livres qui n'ont pas encore été écrits, interdire la lecture de ceux qui sont sur les rayons », « Télévision est moderne / Trucs à la télé, non » ou « Des guerres froides plutôt que chaudes » qui nous confortent dans l'idée que Cage, alliant humour et clairvoyance, demeure un bon compagnon pour l'homme du XXIe siècle.
LB