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Chroniques
Joseph Haydn – Wolfgang Amadeus Mozart
concerti pour violoncelle
Le Label Transart diffuse exclusivement des enregistrements de concerts. Par des prises de son autant précieuses que fidèles, il constitue peu à peu de véritables archives de quelques moments de musique vivante. Le disque Haydn / Mozart que nous vous présentons aujourd'hui rend compte d'une soirée captée en août 2002 au Grand Théâtre de Reims, dans la cadre du festival des Flâneries Musicales d'Été de cette ville. Le programme, des plus classiques, était donné par l'Orchestre de Bretagne et son chef Stefan Sanderling. Ils accompagnaient le violoncelliste israélien Matt Haimovitz.
La lecture du Concerto en ut majeur Hob.VII n°1 de Joseph Haydn s'avère immédiatement élégante. L'ensemble est équilibré, dans une sonorité relativement réduite où le clavecin retrouve sa vraie place. L'expression générale du Moderato est d'une appréciable discrétion. Le soliste est un rien plus âpre et plus musclé que l'orchestre. La vocalise qui suit les deux phrases introductives méprise tout effet de surprise trop appuyé pour adopter le ton commun, très distant, on pourrait dire peut-être déférant. Si les graves du violoncelle s'affirment farouches, ses aigus sont d'une clarté délicieuse. Dans la cadence, Haimovitz n'hésite pas à recourir autant à des procédés de style plus baroque qu'à une phraséologie romantique : il y gagne un lyrisme superbe. L'Adagio central paraîtra idéalement étal, dans un choix de sonorité nettement plus ronde. L'ornementation jouit d'une évidence surprenante. Certains pianissimi sont d'une délicatesse inouïe, sans que la corde détimbre jamais. Le dernier mouvement accuse une belle vivacité, sagement dosée toutefois. On goûte de jolis échanges quasi chambristes. Cela se termine dans une jubilation communicative, sans perdre l'esprit ni le goût.
L'introduction du Concerto en ré majeur Hob.VII n°2 est joliment articulée, et les traits de bois sont parfaitement réalisés. Cependant, Stefan Sanderling aborde cet Allegro moderato comme un Andante rapide, de sorte que cette page prend un caractère posé. Le violoncelle entre délicatement, sans le panache de son arrivée dans le concerto précédent. Il s'introduit mine de rien, dans une nuance sensible. Mais la justesse n'est pas systématiquement au rendez-vous ; certains intervalles restent approximatifs, et les doubles-cordes peu convaincantes. L'orchestre offre un travail d'une grande finesse dans le mouvement suivant, mais Haimovitz ne semble pas à la hauteur de ce qu'il proposait dans le Concerto n°1. L'Allegro est beaucoup trop lent, lui aussi. Malgré un relief intéressant mis en valeur par le chef, les couleurs déjà romantiques d'un Haydn plus tardif, la prestation du violoncelliste est insuffisante dans cette œuvre.
Pour clore ce programme, les musiciens donnaient le Concerto K.285d de Wolfgang Amadeus Mozart, en fait une brillante invention de George Szell adaptée de pages pour violon, pour hautbois, etc., afin de permettre aux violoncellistes de jouer eux aussi Mozart. Le résultat n'a rien d'excitant, il faut le reconnaître ! La version gravée ici n'en est pas moins irréprochable, cela dit.
BB