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Entre vingt-trois et trente-trois ans, Haydn compose plusieurs trios, dans ces années où un créateur édifie ses moyens expressifs avant de les clarifier, voire de les contredire plus tard. Il est particulièrement intéressant de déceler dans les cinq spécimens présentés sur ce disque par L'Entretien des Muses l'inventivité et le veine expérimentale du musicien, comme en témoigne principalement le Trio en fa majeur Hob.XV 37 s'ouvrant par un Adagio aérien que suit un bondissant Allegro molto à l'humeur vertigineusement instable, bientôt clôt par un Menuet déroutant par son énigmatique langueur. On notera à ce titre les caractères contrariés du Menuet du Trio en sol mineur Hob.XV 1, les questionnements joueurs du Menuet du Trio en sol majeur Hob.XV 41 ou le Finale du Trio en la majeur Hob.XV 35, le Trio en fa majeur Hob.XV 40 s'affirmant ici comme le plus conventionnel.

On saluera sur cette page les interprétations gracieuses et soignées de ces opus par une formation soucieuse de s'approcher au mieux des sonorités et des savoir-faire contemporains de Haydn, réunissant un violon Klotz de 1774, un violoncelle Wensk-Wolff de 1701 et la copie d'un clavecin Goujon de 1737, réalisée par Chaudeurge en 1989. L'écoute du Trio en sol mineur Hob.XV 1 suggère toutefois qu'un pianoforte en aurait révélé plus encore la couleur Sturm und Drang.

Mise à part cette seule réserve, on goutera la véloce jubilation du clavier dans le premier mouvement de l'Hob.XV 35 comme la sensibilité qui mène la tendre ritournelle du Menuet suivant. Dans l'Hob.XV 41, le seul qui compte quatre parties, le travail de nuances s'éclaire dès l'Allegro initial, livrant un Menuet questionneur fait avec infiniment d'esprit, la longue hésitation de l'Adagio contrastant vivement avec la sympathique virevolte du Finale que les artistes – Virginie Descharmes (violon), Tormod Dalen (violoncelle) et Stéphane Fuget (clavecin) – dynamisent fort élégamment.

BB