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Chroniques
Joseph Marx
intégrale des quatuors à cordes
Il y a quelques longs mois, notre collègue présentait un disque de Lieder d'un compositeur fort mal connu aujourd'hui, qui plus est en France : Joseph Marx (1882-1964), que l'article auquel je fais référence qualifiait de « figure incontournable d'une certaine vie musicale viennoise » et situait dans cette veine « hyper-lyrique » que continuerait d'exploiter Zemlinsky, Korngold, et bien d'autres [lire notre critique du CD].
Outre qu'on pourra prendre appui sur la brève présentation évoquée-là, la notice publiée par Berkant Haydin pour accompagner l'écoute des trois quatuors à cordes permettra d'approcher le compositeur et son œuvre d'une manière nettement plus approfondie ; le commentateur est d'ailleurs secrétaire général de la Joseph Marx Gesellschaft – dont le site internet offre de précieux renseignements sur le sujet.
Les trois opus ici réunis explorent des expressivités diversifiées, leurs titres affirmant à eux seuls les programmes. Si l'ordre de présentation de ce CD est tout à fait logique et répond au souci pédagogique de Marx, il se trouve que les œuvres n'ont pas été conçues dans cette succession. C'est en effet par le Quartetto chromatico que Marx commença ce cycle, en 1936 (révisé douze ans plus tard), livrant une partition étonnante qui intègre certaines couleurs de ce que l'on a coutume d'appeler l'impressionisme français, de nombreux habitus de répertoires populaires, légers ou salonards, le plus souvent exotiques (tango, jazz, saudade, etc.), à une facture héritière d'un romantisme ornemental, en un mot : Jugendstill. En 1938, il achevait le Quartetto in modo antico qui s'ingénie à dépayser les oreilles de l'époque, des oreilles peut-être menacée alors par le succès grandissant d'un certain mouvement idéologique. Dans la foulée, il compose en 1940 un Quartetto in modo classico d'une exquise fraîcheur, dont l'Adagio (second mouvement) s'avère d'une grave élégance.
Formé d'instrumentistes brillants, le Thomas Christian Ensemble livre une interprétation subtilement raffinée de ces œuvres rares que nous invitons chaleureusement à découvrir – et saluons d’une Anaclase !
HK