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Chroniques
Laurence Bancaud
Tôn-Thât Tiêt – Dialogue avec la nature
Premier Prix de harpe du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, titulaire d’une Maîtrise de Musicologie et professeur en Ile-de-France, Laurence Bancaud connaît bien le compositeur dont le nom apparait au générique de L’Odeur de la papaye verte (1992). Après leur rencontre en 1990, des échanges de conversations et de lettres ont conduit à un premier texte publié chez Jobert (Tôn-Thât Tiêt, le temps suspendu, 1998), lequel s’avère remanié et actualisé pour le présent ouvrage, avec un sous-titre évoquant une pièce pour deux guitares et orchestre, créée à Caen en 1995.
On y donne la parole au créateur né le 18 octobre 1933 à Hué, l’ancienne capitale impériale du Vietnam, proche de la mer et de la montagne. Un oncle l’initie au luth, un cousin au violon, tandis que son frère aîné l’incite à se consacrer tout entier à la musique – alors même que la ville est dépourvue de conservatoire, à l’instar d’Hanoï et Saigon. En 1958, afin de combler ses lacunes, Tôn-Thât Tiêt s’installe à Paris où, encouragé par Jean Rivier et André Jolivet (tous deux en marge du sérialisme), il développe son propre style, mélange d’écriture post-webernienne et d’esprit traditionnel fécondé de philosophie orientale – hindouisme, bouddhisme et, plus particulièrement ces dernières années, taoïsme et poésie chinoise. Le jeune homme, qui pensait retourner enseigner dans son pays, se découvre peu à peu compositeur, et c’est trentenaire qu’il inscrit une première œuvre à son catalogue – Concerto pour violon et orchestre, 1965.
Le reste de l’entretien évoque d’autres compositeurs, la musique traditionnelle, la nature, ainsi que son attachement à ce Vietnam qui a tant souffert au mitan des années soixante-dix. Cependant, cette pensée en évolution ne constitue pas la seule matière d’un livre dont la seconde partie propose annexes (éléments d’analyse d’œuvres, en grande majorité), sélection de poèmes mis en notes, glossaire musical et philosophique, catalogue chronologique d’une centaine de pièces (dont un opéra de chambre et des musiques de ballet) écrites en un demi-siècle.
LB