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Chroniques
Leonardo Vinci
Partenope | Parthénope
Dans la ville qu’elle a fondée et qui porte son nom, entourée de courtisans parmi lesquels deux princes amoureux, Arsace de Corinthe et Armindo de Rhodes, la reine Partenope accorde sa protection au naufragé Eurimene. Ce dernier promet son soutien à la quête amoureuse d’Armindo et fait jurer le secret à Arsace qui sous le déguisement masculin reconnaît Rosmira, la princesse de Chypre jadis aimée puis abandonnée. Le capitaine Ormonte survient alors, porteur de mauvaises nouvelles : Emilio di Capua envahit le pays avec ses troupes. Le conquérant propose un mariage pour mettre fin aux hostilités des deux peuples voisins. Partenope refuse avec dédain, part au combat, en revient victorieuse, et supporte mal qu’Eurimene se vante à tort de la capture d’Emilio. Emprisonné puis libéré après l’intervention du Corinthien qui prend sur lui de ne pas répondre à ses provocations, Eurimene révèle à la reine qu’Arsace a déjà promis son cœur à une autre et qu’en tant que champion de Rosmira, il provoque en duel l’infidèle. Dans l’arène, partagé entre la promesse du secret et l’inconfort de croiser le fer avec une femme, il demande un combat à poitrine dénudée : Rosmira est contrainte de révéler sa vraie nature et retrouve les bras d’Arsace qui n’est désormais plus un obstacle entre Armindo et Partenope.
Quelques années avant Händel (Partenope, 1730) et Vivaldi (Rosmira fedele, 1738) [lire notre chronique du 23 mars 2003 et notre critique du DVD], Leonardo Vinci (né à Strongoli di Calabria en 1690, mort à Naples en 1730) met en musique le livret à succès de Silvio Stampiglia. Connues depuis 1699, ces pages consacrées au mythe de la fondation de la ville de Naples ont déjà inspiré Luigi Mancia (1699), Antonio Caldara (1701), Manuel de Zumaya (1711) et Domenico Natale Sarro (1722). Vinci fait représenter Ifigenia in Tauride, Berenice de Orlandini puis Partenope durant la seule année 1725, au cours d’une saison de carnaval vénitien qu’il est le premier Napolitain à ouvrir.
Cette première mondiale au DVD suit les représentations d’avril et mai 2011 à l’Auditorium Víctor Villegas (Murcia). Gustavo Tambascio signe une mise en scène qui se soucie en partie d’ « authenticité », avec une gestique assez pesante et contrite, sur fond de carton-pâte et toile peinte aux perspectives soignées. À la tête d’I Turchini di Antonio Florio – la Cappella della Pietà de’ Turchini a changé de nom en 2010 –, le directeur artistique offre grâce et gravité de ton.
Côté chanteurs, réjouissons-nous d’un rôle-titre confié à Sonia Prina, alto au chant toujours précis, souple et confortable, enrichi d’un timbre coloré. Maria Grazia Schiavo (Rosmira) s’avère agile autant que stable et ferme, face à Maria Ercolano (Arsace), plus inégale sur la longueur, mais qui délivre quelques beaux moments (Barbara, mi schernisci, Acte III). Stefano Ferrari (Armindo) séduit par la rondeur et le velours, Charles do Santos (Ormonte) par un chant clair et posé, tandis qu’Eufemia Tufano (Emilio) offre un port vocal assez lourd. Les intermèdes comiques sont confiés à Giuseppe de Vittorio (Eurilla), baryton éteint mais drôle, et à Borja Quiza (Beltramme), tout aussi amusant mais doté, quant à lui, d’un chant franc conduit avec efficacité.
LB