• pages de chevet

Voici un bref volume qui introduit au théâtre dansé de Pina Bausch tant par les textes de Leonetta Bentivoglio que par les photographies de Francesco Carbone. Au fil de quatre chapitres à la prose souvent poétisée et vraisemblablement nourrie du fidèle accompagnement journalistique de l'auteure, l'on se souviendra de quelques moments d'émotions offerts par la chorégraphe allemande qui parle de chacun, au delà de préoccupations plastiques, sans s'interdire un geste que d'autres estimeraient maladroit. L'on y aborde rapidement l'univers suggéré par le travail fini, pour mieux entrer dans l'atelier créateur et ses bombardements méthodiques de questions, puis parcourir les spectacles de Pina Bausch, sans ordre chronologique, en initiant un itinéraire uni par chacune de ses ramifications.

« Chez Pina Bausch, la danse n'est pas un dessin préétabli de lignes en mouvement, mais un langage qui naît d'un travail minutieux sur le rêve, la mémoire et le désir » : nostalgie, désillusion, ironie, autant d'états que croisent avec constance ces rendez-vous, toujours dans un angle différent, partant qu'il ne s'agit pas de thèmes, d'ingrédients ou de pistes à explorer, mais du ferment principal de leur univers.

Ce théâtre est vu comme un seul grand spectacle continu, car pour Leonetta Bentivoglio, chaque « nouveau titre semble la continuation de la pièce précédente et l'anticipation de la suivante ». Tout en admirant des images qui rendent talentueusement compte de la mobilité charnelle – jusqu'à flouer la vue, d'ailleurs : elles fixent l'extrême concentration avant la détente du geste, le mouvement anormalement immobilisé ou la précise réception du corps –, le lecteur aborde ici le regard critique que portent les créations de l'artiste sur la réalité contemporaine.

BB