Chroniques

par hervé kœnig

Marc-André Dalbavie
Le son en tout sens – entretiens

Gérard Billaudot Éditeur (2005) 150 pages
ISBN 9790043078166
Le son en tout sens – Entretiens de Marc-André Dalbavie avec Guy Lelong

Orchestrant cette publication parallèlement au festival Présences présenté par Radio France du 29 janvier au 13 février 2005, les éditions Billaudot faisaient paraître un petit fascicule invitant les auditeurs – sur place ou par le biais des retransmissions radiophoniques – de cette vingtaine de concerts, répartis sur deux semaines, à appréhender plus commodément l'œuvre qui suscitait cette vaste rétrospective. Partant, il est bien entendu qu'il ne s'agit pas là d'un ouvrage destiné à des spécialistes, mais d'un recueil d'une dizaine d'entretiens entre le compositeur Marc-André Dalbavie (né en 1961) et Guy Lelong.

Au fil de cette lecture, nous abordons avec le créateur sa conception personnelle des modernités, la libération de l'autorité réductrice que l'idée simpliste d'avant-garde a pu exercer, etc. Puis, les années de formation et d'étude sont évoquées, la découverte déterminante de la musique de Ligeti et de celle des spectraux, et les choix décisifs que Dalbavie est amené à prendre. La construction de ce livre semble faire un pas en avant pour un autre en arrière, imposant une oscillation étrange qui fait encourir au lecteur une bascule semée de redites : avec l'exposition du principe de coïncidence et du besoin de réintégration, les auteurs reviennent sur les questions de la modernité vues dans le premier entretien ; de même, par la suite, reviendra-t-on sur les diverses influences et les années de formation (séjour à la Villa Médicis, notamment) à propos d'une notion différente de la spatialisation. Cela dit, on apprend des choses, et le ton est à la fois précis et enlevé.

Cinquième entretien : la réintégration de techniques anciennes dans l'écriture d'aujourd'hui ; on en a déjà parlé, c'est vrai, mais cette fois, Dalbavie approfondit notablement le sujet. Après la conclusion qu'à chaque œuvre, le compositeur applique une méthode de composition différente, ce grand organisme qu'est l'orchestre est exploré ; l'occasion rêvée d'offrir une définition intelligible des différents procédés de doublures (un mini cours, en quelque sorte). De fil en aiguille, le compositeur présente sa conception acoustique de l'orchestre, la place de la voix dans son œuvre (en passant par une brève histoire de la musique vocale) et l'omniprésence du piano.

L'ouvrage a le mérite de faire croire au lecteur qu'il vient de discuter lui-même avec le musicien. En revanche, sa réalisation technique semble s'être faite dans la précipitation : on n'a jamais vu autant de coquilles ; c'est affolant sur une publication aussi brève, et l'on a très nettement l'impression que la concordance à l'actualité parisienne a primé sur les soins dont aurait pu bénéficier l'impression.

HK