Chroniques

par anne bluet

Marie Christine Vila
Cathy Berberian – cant’actrice

Fayard (2003) 406 pages
ISBN 2-213-61702-3
Cathy Berberian – cant’actrice, par Marie Christine Vila

« La musique est l'air que je respire et la planète que j'habite », écrit Cathy Berberian quelques jours avant de mourir. En parcourant cette biographie de Marie Christine Vila, on ne peut que la croire.

Après les premiers concerts familiaux à l'âge de deux ans (Ramona...), les premières découvertes discographiques à sept – parmi lesquelles Tito Schipa, le plus grand ténor de l'entre-deux-guerres –, la jeune Arménienne, née en 1925 dans le Massachussetts, finit par rêver de l'Europe. Elle fera sa conquête tout comme elle a séduit le jeune étudiant Luciano Berio, dans le Milan des années cinquante. Ensemble, ils seront emblématiques de la nuova vocalita, bien loin de ce qui faisait la joie du public de La Scala. On assiste aux expériences vocales majeures de l'époque – Darmstadt est au zénith –, dans la musique électroacoustique, le théâtre musical, le récital conçu comme spectacle, mais aussi la redécouverte du répertoire baroque (Nikolaus Harnoncourt lui propose les rôles de la Messaggiera et de Speranza dans l'Orfeo de Monteverdi, qu'elle refuse tout d'abord).

Berberian crée des œuvres de Berio, Cage, Bussotti, Pousseur, de Stravinsky même, avant de poursuivre dans une voie plus personnelle dans la seconde partie de sa carrière. À côté de ses propres créations qui voient le jour – le célèbre Stripsody, à base d'onomatopées de bandes dessinées –, elle s'autorise alors à chanter la musique légère du XIXe ou les Beatles qu'elle porte en haute estime, symbole de ce mélange de culture savante et populaire qu'elle défend également.

Marie Christine Vila a déjà écrit de nombreux articles et ouvrages sur la musique – Mozart, le mélodrame, l'opéra, etc. C'est une diva à contre-courant que nous découvrons dans son livre, bien écrit et documenté, le premier à être consacré à celle que son mari surnommait Magnificathy.

AB