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Chroniques
Michael Finnissy
œuvres avec chœur
Né à Londres en 1946, Michael Finnissy étudie au Royal College of Music où Bernard Stevens et Humphrey Searle furent ses professeurs de composition, Eqwin Benbow et Ian Lake ceux de piano. Si la musique folklorique ou de ballet l'a particulièrement intéressé – il crée le département musique de la London School of Contemporary Dance –, ce sont ses œuvres pour chœur qu’on a réunies ici, enregistrées par le jeune ensemble Exaudi, formé en 2002 par le compositeur et chef James Weeks, ainsi que par le soprano Juliet Fraser.
Prenant comme matériau l'un des plus importants poèmes épiques anglo-saxons, Maldon (1991) commémore le millième anniversaire d'une bataille qui s'est tenue près d'un village de l'Essex. Le compositeur n'en utilise qu'un quart, afin d'ouvrir l'œuvre à une réflexion plus universelle sur la guerre. Si, à l'aide d'un langage modal ou microtonal, le baryton Richard Jackson, soliste un peu fatigué, représente un témoignage descriptif et guerrier, les cinq interventions du chœur – tirées quant à elles d'un texte anonyme du XIIIe siècle – expriment avec distance une philosophie très différente. Les deux trombones et les deux percussionnistes évoquent tantôt des bruits de la nature (l'eau), tantôt ceux de la bataille. Dans un climat semblable fait de dépouillement instrumental et de passages a cappella, Palm-Sunday mêle des textes de différentes périodes historiques, sacrés (Évangiles de Jean et Matthieu) et profanes (poème du XVIIe siècle, de Henry Vaughan), pour évoquer le Christ accueilli avec ferveur à Jérusalem. Une citation du Vexilla Regis de Bruckner est reconnaissable, elle-même empruntée à un chant liturgique du Dimanche des Rameaux.
Les pièces suivantes ne dépassent pas dix minutes. Page assez proche de Satie et d’Eisler, Vertue s'inspire de George Herbert (1593-1633), poète qu'on retrouve chanté sur Anima Christi (1992), avec un texte éponyme du XIVe siècle – en latin, par un alto et un ténor – et des fragments du Didache – une compilation de l'enseignement des apôtre datant du deuxième siècle, donné en grec par le groupe des soprani. L'accompagnement à l'orgue de Daniel Hyde évoque l'Allemagne du Nord du XVIIe. Si certains archétypes restent inchangés, le plain-chant des solistes est sans cesse en transformation. Poésie, encore et enfin, avec Forget-me-not et Descriptive Jottings of London (2003) sur des textes de William McGonagall (1825-1902), courtes pièces où l'on peut entendre le compositeur au piano.
LB