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Chroniques
Modeste Moussorgski – Piotr Tchaïkovski
Tableaux d'une exposition – Symphonie Op.36 n°4
Entré en fonction au poste de directeur musical de l'Orchestre National du Capitole de Toulouse en septembre 2005, le jeune Tugan Sokhiev se voit déjà offrir d'enregistrer un disque à la tête de sa formation. Né en 1976, il fut le dernier élève d'Ilya Musin, l'une des légendes de la pédagogie de la direction d'orchestre de la seconde moitié du XXe siècle, avec Jorma Panula, au Conservatoire de Saint-Pétersbourg. Dès 2001 et sa victoire au Concours International Prokofiev, sa carrière s'emballe : les grands orchestres russes, la fosse du Mariinski, du MET, du Festival d'Aix-en-Provence, l'Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam, convoquent son talent. Adulé sur toutes les scènes qu'il dirige, le chef croise la route d'un Orchestre National du Capitole en pleine recherche d'un directeur musical, après le départ de Michel Plasson.
Pour ce premier programme, le musicien n'a pas froid aux yeux en s'attaquant à deux chevaux de bataille de la littérature symphonique russe. Le résultat est intéressant en dépit de réserves. Les Tableaux d'une exposition de Moussorgski (joués dans l'orchestration de Ravel) peinent à s'imposer dans un contexte discographique surchargé. Le chef réussit à créer différents microclimats dans certains épisodes, mais sa vision d'ensemble est assez indéterminée. Ainsi Bydlo et Promenade sont bien caractérisés, mais l'ouverture et les deux derniers tableaux manquent de puissance et de verticalité. L'Orchestre National du Capitole est très en forme, surtout les vents virevoltants, mais les cordes sont avares de galbe et de profondeur.
La Symphonie en fa mineur Op.36 n°4 de Tchaïkovski est presque parfaite. Sokhiev fait de la musique pour la musique, sans arrières pensés, tout en évitant de sombrer dans la machine à décibels. Son interprétation rectiligne et narrative rend service à cette partition assez pompière. Le musicien arrive également à gérer les nombreuses transitions thématiques en les intégrant à l'ensemble de la symphonie. Dans l'ensemble, l'orchestre fait preuve de cohésion et de puissance, mais on sent qu'il a besoin d'une reprise en main. En conclusion, ce disque intéressant est une belle carte de visite pour le nouveau tandem musical de la ville rose dont on espère d'autres et nombreux témoignages.
PJT