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Chroniques
Nicola Porpora
airs variés
Fils d’un libraire napolitain qui l’oriente vers la musique, Nicola Antonio Giacinto Porpora (1686-1768) entre au Conservatoire des Poveri di Gesù Cristo avant même l’adolescence. Là, il étudie avec Gaetano Greco, Matteo Giordano, Ottavio Campanile, Francesco Manna et peut-être aussi Alessandro Scarlatti. Sa formation terminée (1706), il pousse aussitôt les portes du monde lyrique avec des productions telles Agrippina (1708), Berenice (1710), Flavio Anicio Olibrio (1711), Basilio re di Oriente (1713), Arianna e Teseo (1714), Faramondo (1719), etc. C’est alors que ses œuvres sont aussi jouées hors d’Italie, à Vienne, Munich et Dresde.
En 1733, le musicien s’installe à Londres où il concurrence Händel en créant The Opera of the Nobility, compagnie théâtrale où se produisent de célèbres castrats dont certains furent ses élèves (Farinelli, Porporino, etc.). Bien évidemment, la création de ses propres ouvrages se poursuit : Arianna in Nasso (1734), Enea nel Lazio (1735) et Ifigenia in Aulide (1736). Il revient alors vers son pays natal pour y occuper diverses charges de maître de chapelle, mais découvre la bouderie du public, une fois ses ouvrages passés de mode.
De même que Joseph Haydn, son élève et accompagnateur à Vienne, obtient de Porpora les « véritables fondements de la composition », Franco Fagioli chante ses airs chargés d’émotion et de profondeur avec l’impression « de percevoir la façon généreuse qu’il avait d’enseigner […] et enfin d’APPRENDRE ». Il interprète ici douze airs tirés des opéras Didone abbandonata (1725), Meride e Selinunte (1727), Ezio (1728), Semiramide riconosciuta (1729), Polifemo (1735) et Carlo il Calvo (1738) ; des cantates Il ritiro et Vulcano (sans dates), ainsi que de l’oratorio Il verbo in carne (1748).
Malgré des graves de qualité variable, on apprécie le chant clair au timbre sombre du contreténor argentin, sa virtuosité tranquille dans les airs d’espérance (Già si desta la tempesta, Spessi di nubi cinto), tout en préférant des pièces plus tendres (Torbido intorno al core), voire recueillies (A voi ritorno campagne amene).
Entendue dans des ouvrages aussi rares que La Stellidaura vendicante (Provenzale) [lire notre chronique du 12 aout 2012 et notre critique du CD], La Dirindira (Scarlatti) [lire notre chronique du 11 août 2012] ou encore Flavius Bertaridus, König der Langobarden (Telemann) [lire notre chronique du 10 août 2011 et notre critique du CD], l’Academia Montis Regalis fait une nouvelle fois montre de vivacité et de passion, Alessandro De Marchi n’alanguissant jamais le tempo jusqu’à l’indolence.
LB