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ouvrage collectif
Théories de la composition musicale au XXe siècle – vol.2
Le XXe siècle musical n’eut de cesse de renouveler les langages, les techniques d’écriture et les technologies, mais aussi d’en interroger les principes, voire d’en prescrire les règles :« comme Baudelaire l’avait annoncé, avec la modernité naît l’exigence de l’artiste raisonnant son art et découvrant les lois en vertu desquelles il crée. Nourris d’expériences littéraires ou plastiques, de concepts philosophiques et des avancées de la science, les compositeurs du siècle dernier nous ont légués nombre de livres, d’articles, d’entretiens, de manifestes, de lettres et de documents divers témoignant de leurs recherches. Ils y traitent de la musique et de ses fondements, ainsi que de leurs œuvres déjà écrites ou encore en devenir » (quatrième de couverture).
Pour rendre compte du premier volume de Théories de la composition au XXe siècle, nous avions présenté le projet d’une soixantaine de spécialistes – Albèra, Bosseur, Criton, Kaltenecker, etc., sous la direction de Nicolas Donin et Laurent Feneyrou – d’approcher ces dernières décennies sous l’angle de la théorie compositionnelle, à savoir « l’exposé, l’explication ou l’interprétation d’un système régissant l’organisation d’œuvres ou de types d’œuvres musicales en les reliant à des principes » [lire notre critique de l’ouvrage]. Nous donnions une vue générale de soixante-sept chapitres répartis en huit grandes sections, sans vraiment détailler le contenu de ces dernières. À l’heure d’attaquer le second volume, nous pouvons lui consacrer la place qu’il mérite.
Ouvrant les quatre premières sections, Musiques de l’avenir et relectures du passé s’attache à la Seconde École de Vienne, mais aussi aux visionnaires russes (Roslavets, Sabaneïev, Scriabine), aux Nord-américains de la dissonance (Cowell, Crawford, Seeger), ainsi qu’aux « isolés » Busoni, Hindemith et Varèse. Entre pratique et théorie réunit surtout Slaves (Janáček, Stravinsky) et Français (Koechlin, Messiaen, pionniers de l’« art radiophonique »). Comme son nom l’indique, Collectifs évoque plusieurs naissances : mouvement néoclassique ou futuriste, école polonaise ou de New York, musique concrète ou informelle. Quant à lui, Le nœud sériel ranime une Europe tendue entre adhésion et asphyxie (Barraqué, Huber, Maderna, Nono, Pousseur, etc.).
Trajectoires, cinquième parties qui ouvre le volume 2, s’attarde sur huit créateurs incontournables (Berio, Boulez, Cage, Carter, Ligeti, Stockhausen, Xenakis, Zimmermann), tandis que Notions et genres éveille à des formes nouvelles (aléa, improvisation, spatialisation, art électronique, mixte ou postmoderne). Mince en chapitres, Conquêtes du son parle du timbre en puisant des exemples chez Debussy et Partch, notamment, avant de faire le point sur le spectralisme (pensée originelle, prolongements et voies parallèles). Enfin, centré sur des personnalités originales, Nouveaux concepts familiarise avec les termes de texture (Ferneyhough), écologie de l’écoute (Sciarrino) ou « composition inclusive » (Rihm).
LB