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Créé à Berlin puis à Lyon, repris à Paris à l'automne dernier [lire notre chronique du 16 novembre 2006], Faustus, the Last Night, cinquième opus lyrique de Pascal Dusapin, arrive en DVD dans la même production de Peter Mussbach.

Librement adapté par le compositeur du Faust de Marlowe, le livret, bien que sans véritable action, a le grand mérite de fouiller le caractère des personnages sans verser dans l'ennuyeux ou le pédant (en dépit du recyclage d'innombrables références littéraires). On saura gré à l'artiste d'avoir su insuffler une dimension fortement contemporaine à ses protagonistes, dépoussiérant ainsi ce mythe un peu englué sous des croûtes de merveilleux. Mais la grande force de cet opéra réside dans une musique prenante dès les premiers roulements de caisse claire. Virtuose de l'orchestre, Dusapin impose ici des climats rugueux et âpres qui emportent le spectateur dans la folle dernière nuit du héros. L'écriture bouillante et virevoltante est magnifiée par la prestation de l'Orchestre de l'Opéra de Lyon sous la battue attentive et incisive de Jonathan Stockhammer.

La distribution est superbe d'engagement, dans des rôles harassants tant musicalement que physiquement. Il faut saluer bien bas Georg Nigl (Faustus), Urban Malmberg (Mephistopheles), Robert Wörle (Sky), Jaco Huijpen (Togod) et Caroline Stein (l'Ange).

Avec Peter Mussbach, c'est souvent quitte ou double, tant ce scénographe aux idées souvent fulgurantes est capable du meilleur comme du pire. Fort heureusement, sa mise en scène, assez simple, encadre bien l'action et creuse la caractérisation des rôles. Signé Michael Elmgreen et Ingar Dragset, le décor unique, constitué d'une gigantesque horloge – symbole un peu facile du temps qui s'écoule – fait son effet, à défaut d'être très original. Alternant les points de vue et les gros plans, la réalisation d'Yvon Gérault nous place au chœur de l'action. Ce travail est assez exemplaire en matière de captation vidéographique d'opéra.

Ce DVD est astucieusement agrémenté d'un bonus d'une bonne dizaine de minutes où le compositeur présente de manière simple et didactique sa partition. Ses explications sont complétées par les propos de Georg Nigl et du chef d'orchestre. En conclusion, on ne peut que chaleureusement recommander ce bel objet qui s'assurera une place de choix dans la collection de tout amateur d'opéra qui souhaite rester en contact avec la création contemporaine.

PJT