Recherche
Chroniques
Pascal Dusapin
Watt – Galim – Celo
Influencé par Xenakis et Donatoni à ses débuts, Pascal Dusapin (né en 1955) affirme son propre style à l'aube des années quatre-vingt. Peu à peu, l'intériorité prévaut sur la force extravertie héritée de ses aînés, notamment en 1991, avec l'oratorioLa Melancholia. Il compose régulièrement pour la scène, que ce soit avec son Nosferatu commandé par l'Opéra national de Paris en 2001, ou ses ouvrages lyriques Roméo et Juliette, Medeamaterial, et tout récemment Perelà, uomo di fumo [lire notre chronique du 1er mars 2003]. On lui connait également un recueil d'études pour piano qui continue de se développer.
Travaillant sur les micro-intervalles, interrogeant l'intérieur du son (articulations, attaques, timbres vocaux), le compositeur s'éloigne depuis toujours du sérialisme sans toutefois adhérer au minimalisme. Curieux de s'essayer à toutes les formes – de la pièce soliste à la symphonie, du quatuor à l'opéra –, Dusapin compte à son actif plusieurs concertos qui servent de sujet au présent disque : Watt (1994) pour trombone et orchestre, Galim (1998) pour flûte solo et orchestre à cordes et Celo (1996) pour violoncelle et orchestre.
Dans Watt, œuvre inspirée par le roman de Samuel Beckett, un trombone fait face à soixante-neuf musiciens. Si le cœur de l'œuvre propose une plage de calme, c'est pour mieux faire ressentir le début et la fin d'un quart d'heure déchiré de douleur et de désespoir. Le soliste finit par jouer seul, sans avoir trouvé d'apaisement à sortir du chaos initial. C'est Alain Trudel qui joue ici la partie de trombone soliste, en artiste habitué à défendre le répertoire d'aujourd'hui, et qui s'est vu dédier de nombreuses créations.
Après L'Aven créé en 1981, Galim est la seconde œuvre du compositeur pour flûte solo et orchestre à cordes. Les influences modales de cette partition donnent à l'œuvre un côté oriental. Brève et très concentrée, cette pièce porte en sous-titre Requies plena oblectationnis, emprunté à Cicéron, et est écrite à la mémoire d'une personne proche disparue. Juliette Hurel en propose ici une lecture fidèle et aérée, plutôt sereine.
Celo est un concerto en trois mouvements pour violoncelle et quarante musiciens. Le premier, Très sombre, pesant et profond, introduit le second au tempo lent mais empreint de tension, d'inquiétude, jusqu'à une stridente agitation. Le dernier mouvement est tout de douleur. On reconnaîtra le même type de jeu sur les sonorités que ceux dont use assez volontiers Marc-André Dalbavie, nous invitant à nous demander s'ils sont acoustiques ou traités. Certains passages du milieu de l'œuvre rappellent également les travaux de György Ligeti, sans en développer la même effervescence. En très grande musicienne, Sonia Wieder-Atherton défend non sans une certaine tension ces pages qui s'achèvent nerveusement. Pascal Rophé, qui contribue activement à la diffusion et la création de la musique vivante, et l'Orchestre National de Montpellier accompagnent ces différents solistes.
HK