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Pour qui aurait dormi près du radiateur pendant ses années de lycée, commençons par un petit rappel... Micromégas est un conte philosophique de Voltaire, paru en 1752. Il décrit la visite de la Terre par un être venu d'une planète tournant autour de l'étoile Sirius, Micromégas, et de son compagnon vivant sur Saturne.

Comme pour beaucoup de philosophes des Lumières, le recours à des personnages imaginaires ou à des situations fantaisistes est prétexte à donner son point de vue sur les hommes, de dénoncer leur imperfection avec l'alibi d'un regard objectif. Dans un siècle qui voit les récits de voyageurs dénoncer les affabulations, la science s'opposer toujours plus à l'obscurantisme religieux – « de fort beaux secrets qui seraient actuellement sous presse sans messieurs les inquisiteurs » –, la place de l'homme est pensée autrement, de même que son rapport à la nature, voire l'idée même de nature.

Pour ce qui devient la base de son action lyrique en sept tableaux, Paul Méfano (né en 1937) parle d'une « machine à langage de haute précision, elliptique et aérée » dans laquelle bouffonnerie légère et analyse acérée des absurdités humaines vont de paire. Sans doute par respect du texte abordé dans son intégralité, le compositeur n'a pas osé faire des coupes qui auraient été bien utiles, notamment en supprimant les évocations de mesures anthropomorphiques qui rendent pénibles beaucoup d'interventions.

Du coup, à part un passage sans paroles intercalé entre les scènes III et IV, la musique instrumentale semble timidement en retrait, étouffée par la voix. Heureusement, celle-ci trouve des serviteurs solides et dévoués en la basse Nicholas Isherwood, le ténor Éric Trémolières et les soprani Kaoli Isshiki et Rayanne Dupuis.

LB