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Chroniques
Philippe Thanh
Donizetti
Rien ne laissait présager que Gaetano Donizetti, né en 1797 dans un milieu modeste, deviendrait le compositeur italien le plus joué de son temps – surtout après la mort de son rival Bellini. Surnommé Dozzinetti par les Napolitains (en référence à sa productivité), caricaturé avec une partition en cours sous chaque main, l'élève de Mayr possède un catalogue comptant plus de sept cents œuvres, des quatuors à cordes de jeunesse aux opéras qui firent sa fortune et sa renommée.
De ces derniers, on en connaît à peine une poignée sur les soixante-dix écrits : Lucia di Lammermoor, Don Pasquale, L'Elisir d'amore, La Fille du régiment… Près de la moitié fut destinée à sa Naples d'adoption, et il accompagna le reste de ses créations dans nombre d'autres villes, de Gênes à Venise, de Palerme à Milan. Dirigeant le Théâtre-Italien de 1824 à 1830, il contribua à faire mieux connaître le bel canto aux Parisiens.
S'il est connu pour ses succès, Donizetti dut aussi faire face aux imprévus professionnels – librettiste en retard, interventions de la censure et fermetures de théâtre (pour cause de faillite, d'épidémie, d'incendie ou de barricades !) – comme aux drames familiaux puisqu’en l'espace de deux ans, il perdra parents, femme et deux de ses enfants. La consécration sera pour lui d'être nommé maître de chapelle à Vienne, le 3 juillet 1842.
Quand viendront les séquelles irréversibles de la syphilis, ce titre permettra sa sortie de clinique psychiatrique, puis son départ de la rue Chateaubriand où les autorités françaises le retenaient arbitrairement. Il pu ainsi regagner Bergame, sa ville natale, et y vivre ses derniers mois de torpeur, jusqu'à sa mort en 1848.
S'il paraît tout d'abord bien mince, ce livre nous apprend l'essentiel, et plus encore. À l'aide de citations, de témoignages, de détails sur le contexte des créations, Philippe Thanh propose la première étude complète en français sur un compositeur qui passait sans peine de l'opera seria à l'opera buffa mais dont l'œuvre, bientôt éclipsée par celle de Verdi, peine à sortir de l'oubli. Pourtant, comme il est attachant, ce bourreau de travail !
LB