Chroniques

par anne bluet

Piotr Tchaïkovski
Concerto pour piano Op.23 n°1 – Grande sonate Op.37

1 CD Urania (2004)
SP 4223
Piotr Tchaïkovski | Concerto pour piano Op.23 n°1 – Grande sonate Op.37

Il y a quelques semaines, mes collègues vous ont parlé du label Urania qui publie actuellement des enregistrements non disponibles ou inconnus du grand pianiste russe Sviatoslav Richter. Après une première parution consacrée à Glazounov, Scriabine et Moussorgski [lire notre critique du CD], une seconde offrant des œuvres de Prokofiev, Miaskovski, Scriabine et Franck [lire notre critique du CD], en voici une nouvelle regroupant Beethoven, Liszt et Prokofiev, dans des enregistrements réalisés respectivement en octobre (Moscou), juin et mai (Prague) de l’année 1954, et une toute dernière réservée à Piotr Illich Tchaïkovski (1840-1893).

Déjà présents sur le troisième volume que j’ai personnellement évoqué [lire notre critique du CD], on retrouve ici la Philharmonie Tchèque et Karel Ančerl, au printemps de la même année, dans le Concerto en si bémol majeur Op.23 n°1 (1875/1879). Taillé dans le roc, la sonorité de cette formation sert comme personne la précision de la partition, invitant un piano sans emphase.

Dos rond, un peu bourru, il y a chez Richter une touchante rudesse qui sait aussi ne pas sortir les griffes. Le propos est ici génialement développé, dans une grande cohérence interprétative. Ančerl soigne les interventions de son orchestre avec minutie. Il y a en même temps une tonicité vif-argent magnifique. Indéniablement, Sviatoslav Richter a nourri son interprétation de sa grande pratique de Liszt. La danse du second mouvement est d'une élégance princière, tandis que le Finale est d'une clarté qui nous fait voir en cet enregistrement une version de référence.

C'est une œuvre pour piano seul qui termine le disque. Il s'agit de la Grande sonate en sol majeur Op.37 (1878) de Tchaïkovski, heureux compromis entre l'influence allemande et l'affirmation d'un style plus personnel. Malheureusement, la qualité sonore est vraiment déplorable et vient tout gâcher. Reste la très belle agilité qui passe tout de même la rampe dans le troisième mouvement (Scherzo).

AB