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Chroniques
récital Barbara Bonney
Théâtre du Châtelet (2001)
Inspiré par les poèmes d’Heinrich Heine, dédié à la soprano dramatique Wilhelmine Schröder Devrient, Dichterliebe a été écrit par Robert Schumann en février 1840. Les seize compositions du cycle nous présentent un narrateur aimé, trahi puis délaissé par la femme adorée. « La poésie transcende la question du sexe », rappelle Barbara Bonney en prélude au récital donné au Théâtre du Châtelet en 2001 ; comme beaucoup de sopranos par le passé, elle n'hésite pas à aborder l'œuvre fétiche de nombre de barytons.
Si, dans un tel exercice, une Christine Schäfer, par exemple, sait enthousiasmer [lire notre critique du DVD], c'est une grande déception qui nous attend ici. D'une voix qui accuse des problèmes de souffle parce qu'elle n'est peut-être pas dans sa vraie place, parfois détimbrée – au lieu des pianissimi attendus –, ouvrant maladroitement tous les sons au point de les aplatir, Barbara Bonney nous inflige un chant éthéré, absent, sans expressivité. Suppose-t-elle que ses minauderies, ses postures d'ameublement donneront le change ?
Malcolm Martineau, qui l'accompagne, ne l'aide d'ailleurs pas à redresser la barre. Dès le premier lied, Im wunderschönen Monat Mai, son jeu pianistique apparaît maniéré, précieux, et emprunté tandis qu'il saborde le pétillant Die Rose, die Lilie dans une lenteur presque funèbre. D'un récital de musique romantique, l'un comme l'autre fait un récital mozartien, sans ampleur, sans nerf et sans couleur. Barbara Bonney est indéniablement une grande artiste – notamment lorsqu'elle chante Wolf, Debussy, Fauré, ou à l'opéra dans Rameau et Strauss ces derniers temps –, mais elle s’est fourvoyée, laissant l'amère impression d'avoir copié tous les défauts de sa consoeur von Otter et de ne rien connaître à l'art du lied – ce qui n'est pourtant pas la vérité.
Dans la deuxième partie de son récital, la chanteuse interprète des mélodies de compositeurs suédois de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Aux côtés d'Edvard Grieg (1843-1907) et de Jean Sibelius (1865-1957) qui nous sont les plus familiers, nous trouvons Carl Sjöberg (1861-1900), Wilhelm Stenhammar (1871-1927) et Hugo Alfvén (1872-1960). Tous évoquent l'amour et la trahison amoureuse par des procédés proches de la chanson populaire (simplicité de la langue, motifs du conte, métrique régulière, etc.) Malgré l'héritage du Lied allemand, ces œuvres sont typiques d'un romantisme nordique.
SM