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Chroniques
récital Ensemble Giovanni Antonio Piani
Caldara – Piani – Scarlatti – Vivaldi
L’empereur Charles VI d’Autriche aimait particulièrement la musique et comptait parmi les mécènes les plus éclairés de son temps. La dynastie des Habsbourg, de par ses nombreuses alliances et mariages, avaient des liens familiaux avec les cours des Médicis, Este et autres Gonzague. C’est dire combien ils avaient appris à apprécier les goûts musicaux en provenance de l’Europe du sud et avaient eu à cœur de les assimiler. L’empereur se fit fort de convier à sa cour les compositeurs italiens les plus en vogue. Le présent enregistrement se propose de faire revivre les musiques de la cour de Charles VI.
Si Antonio Caldara, Alessandro Scarlatti ou Antonio Vivaldi sont bien connus du grand public, il n’en va pas de même de Giovanni Antonio Piani (1672-1760), musicien napolitain virtuose à la longévité incroyable, qui fait tout l’intérêt de cette résurrection. Très sollicité par toutes les cours, ce Paganini avant l’heure connut une renommée extraordinaire. Après vingt ans de succès parisiens, il finit par s’installer à la cour de Vienne où il enchaîna les responsabilités dont celle de maître de concert impérial. L’impératrice Marie-Thérèse lui offrit, en plus, la direction de la musique instrumentale, grâce à laquelle il put diriger des effectifs fleuve pour l’époque, avec plus de deux cents musiciens ! Aujourd’hui complètement oublié, Piani est redécouvert grâce à la résurrection de manuscrits de 1712, contenant les douze sonates pour violon et basse continue de son opus 1.
Nous sont donc révélées trois sonates issues de ce recueil, riches de virtuosité et d’invention, datant de sa période française où il cède en partie aux conventions et à la tradition de suite de danses qui prévalaient dans notre pays. Fait exceptionnel pour l’époque, le compositeur a annoté ses partitions pour justifier les coups d’archet, les doigtés imposés et surtout les indications diminuendo, crescendo et messa di voce… L’Ensemble G.A.P., pour Giovanni Antonio Piani, bien sûr, s’est fait un devoir de faire renaître l’œuvre du virtuose napolitain. Créé en 2012, il s’adjoint ici la participation du soprano Raffaella Milanesi pour les cantates de Caldara, Scarlatti et Vivaldi, l’œuvre lyrique de Piani n’étant pas disponible à ce jour.
Si la cantate d’Antonio Vivaldi Lungi dal vago volto RV.680 est connue de l’amateur spécialiste du Vénitien, celle d’Antonio Caldara, Risoluto son già tiranno amore I/1 n°6, et celle d’Alessandro Scarlatti Appena chiudo gli occhi H.56 restent inédites. C’est donc avec une certaine curiosité que nous découvrons ces œuvres. Le résultat est – hélas – mitigé et laisse perplexe. Progressivement l’ennui gagne à l’écoute continue de ce disque. Le violon de l’Ensemble G.A.P. grince un peu et n’est pas avare d’approximations quant à la justesse ; le reste sombre dans une somnolente routine. Le soprano a pourtant un joli brin de voix, mais n’arrive guère à captiver plus l’attention que ses collègues instrumentistes. Défaut d’engagement ou d’inspiration ?
Cette musique, plus que toute autre, a besoin d’une véritable implication et d’une touche de génie de la part des interprètes pour en transcender la portée. Pour Vivaldi, Naxos et Hyperion (avec Emma Kirkby) ont essayé de le faire… Un disque intéressant pour l’amateur d’inédits et de redécouvertes, à réserver aux inconditionnels.
MS