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Chroniques
récital Felicity Lott
airs d'opérette
Drôle de CD que ce Champagne proposé par Emi/Virgin ! Malgré ce titre, il ne s'agit pas d'un simple récital d'airs d'opérettes deFelicity Lott, mais d'un concert façon Nouvel An à Vienne où la Diva britannique intervient en invité vedette. Pourquoi donc la couverture du CD et son livret n'en font-ils pas état ?... Par ailleurs, la date d'enregistrement indique le 10 janvier 1994 : pourquoi avoir gardé si longtemps cet enregistrement sans le publier ? Mystère. Peut-être aura-t-on jugé à l'époque que cette grande cantatrice, qui sait être truculente et charismatique, n'était pas au meilleur de sa forme ce soir-là ?…
Il est vrai que dans la première partie (allemande), notre soprano francophile semble mal à l'aise, manquant de la sensualité et de la verve qu'on lui connaît d'habitude. Aussi le très fameux Im Chambre séparée – immortalisé, entre autres, par Elisabeth Schwarzkopf et Beverly Sills – nous semble-t-il bien fade et presque ennuyeux. Il en va de même, hélas, de Rêve de valse (Oscar Strauss). La Giuditta et le Paganini de Franz Lehar sont, quant à eux, tout juste passables. Certaines notes aiguës sont particulièrement éprouvantes. On est bien loin du pétillement du Champagne promis… Elle n'est certes pas aidée, cela dit, par la direction bizarrement amorphe et mélancolique (un comble !) d'un Armin Jordan qu'on a connu plus inspiré… L'interprétation lourde et sans entrain du florilège de valses, polkas et d'ouvertures de la famille Strauss laisse perplexe.
La seconde partie, entièrement consacrée à l'opérette française, nous réserve heureusement des moments nettement plus agréables. Visiblement à l'aise dans ce répertoire, la Diva et son chef semblent enfin se lâcher. Tout d'abord, avec les pupitres de l'Orchestre de la Suisse Romande qui, après une pétulante ouverture de La Belle Hélène, nous offrent une gravure inoubliable du tube d'Émile Waldteufel, la valse Amour et Printemps. Celle qui triomphe – à juste titre – actuellement sur la scène du Châtelet dans le rôle-titre de La Grande Duchesse de Gerolstein avait, dix ans auparavant, déjà tout l'abattage requis pour l'interpréter. Le français impeccable de ma chanteuse anglaise n'est plus à vanter, faisant aussi bien merveille dans le désopilant J'ai deux amants de L'amour masqué (Messager) que dans l'air Tu n'es pas beau, tu n'es pas riche de La Périchole (Offenbach).
Cette seconde partie consacre Felicity Lott comme l'héritière sans égale de la grande Yvonne Printemps. Les deux airs de l'opérette Les trois valses (Oscar Strauss), que la cantatrice française créa à Paris en 1937, sont de véritables bonbons de tendresse, pleins de ce charme désuet qu'elle sait si bien recréer. En conclusion, Un CD inégal, à ne pas négliger pour sa partie française…
MS